Eau potable : avec ou sans polluant éternel ?15/11/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/11/2885.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Eau potable : avec ou sans polluant éternel ?

Il y a quelques mois, l’Agence de sécurité alimentaire signalait que l’eau consommée par un tiers de la population était contaminée par des PFAS résidus d’un pesticide interdit depuis 2020, le chlorothalonil. Deux ONG viennent de révéler que de nombreux pesticides aussi néfastes sont toujours autorisés : leur utilisation a plus que triplé depuis 2008.

D’après Générations futures et Pesticide action Network Europe, 12 % des substances actives des pesticides de synthèse autorisées dans l’Union européenne intègrent des PFAS, aussi appelés polluants éternels. Ils échappent aux règlements spécifiques sur ce type de polluants, car celui spécifique aux pesticides est – quelle surprise – très peu regardant sur le sujet. Or la consommation des pesticides concernés est passée de 700 à 2 300 tonnes en France entre 2008 et 2021.

En 2021, les premières recherches de PFAS d’origine industrielle avaient déjà conclu que l’eau distribuée à 11,5 millions de personnes était non conforme aux critères de qualité, un nombre qui augmente au fur et à mesure que de nouvelles substances sont incluses dans les plans de surveillance. La recherche des mêmes molécules issues des pesticides risque de déboucher sur des résultats encore plus graves.

Là où le dérivé du chlorothalonil était inclus dans les substances à contrôler, les autorités en sont réduites à aller chercher des dérogations préfectorales pour poursuivre la distribution d’eau. D’autres, comme l’adjoint à la transition écologique de la mairie de Paris, n’ont pas ce genre de problème : il a tenu à préciser qu’aucune dérogation n’avait été demandée pour la ville, puisque cette molécule ne figure pas parmi la liste des produits à surveiller de l’Agence régionale de santé d’Île-de-France. Des relevés ont néanmoins déjà montré des concentrations cinq fois supérieures au seuil de qualité.

Ces PFAS ne sont pas filtrés par la plupart des systèmes de purification actuels. Les systèmes adaptés seraient beaucoup plus onéreux, surtout pour les petites collectivités. Certains en arrivent donc à se demander si l’eau de pluie ne serait pas, finalement, moins dangereuse pour la santé que l’eau des nappes phréatiques. D’autres se tournent vers les agriculteurs dont les terres bordent les zones de captage, pour les inciter à se mettre au bio. Quant aux profits et aux choix industriels des principaux producteurs de ces pesticides, les trusts Bayer, BASF et Syngenta, qui s’en soucie ? La « transition écologique » dans un des pays les plus riches de la planète, semble consister en tout et pour tout à se préoccuper des pratiques des agriculteurs autour des captages et des éventuelles dérogations préfectorales, quand des produits générant des polluants éternels sont déversés par milliers de tonnes dans la nature.

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