Aéroport Roissy – CDG : nouvel accident grave15/11/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/11/2885.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Aéroport Roissy – CDG : nouvel accident grave

Le 23 octobre, un travailleur de l’entreprise d’électricité CEFF, prestataire d’ADP (Aéroports de Paris), a été grièvement électrisé lors d’une intervention sur un câble à haute tension. L’émotion est importante parmi ses camarades de travail, révoltés que l’on risque sa vie en travaillant.

Il s’agit du second accident grave à l’aéroport Charles-de-Gaulle, après la chute de six mètres d’un travailleur intérimaire en septembre. Et il était prévisible, tant la direction d’ADP ne cesse de réduire les effectifs et de mettre la pression afin d’augmenter ses profits.

Les interventions sur les postes haute tension sont très dangereuses. Des procédures existent, mais elles sont réfléchies en fonction de critères qui s’opposent : sécurité des travailleurs d’un côté ; coût, rapidité de l’intervention et continuité de l’exploitation de l’autre. Le problème n’est donc pas la responsabilité individuelle des travailleurs, mais le fait que l’organisation du travail soit dominée par la recherche du profit.

Ainsi, la direction d’ADP refuse de programmer la maintenance des postes de haute tension pendant l’été, pour ne pas nuire aux jeux Olympiques et à leurs retombées. L’équipe de maintenance, qui travaillait avec CEFF, est obligée de faire le travail habituel en dix mois au lieu de douze, en plus de rattraper les retards pris depuis la période de chômage partiel liée à la pandémie. Dans un autre secteur d’ADP, celui des travaux, les suppressions de postes se mesurent au fait que chaque salarié gère en moyenne en 2023 un budget supérieur de 20 % à celui de 2019. Les manques se situent principalement sur le terrain, empêchant de suivre les entreprises prestataires et d’assurer le lien avec les travailleurs des différents services d’ADP.

De son côté, l’entreprise CEFF, qui est une SCOP de moins de 200 travailleurs, est mise en concurrence avec des filiales de multinationales comme Cegelec (Vinci) ou Inéo (Bouygues). Dans ces appels d’offres, les prix sont tirés vers le bas, et la pression est mise sur les travailleurs pour finir dans les temps. C’est bien cette politique qui constitue la véritable cause des risques, et donc la direction d’ADP qui est fondamentalement responsable des accidents.

Une enquête est en cours, et la direction d’ADP semble plus préoccupée par celle-ci que par la santé du travailleur hospitalisé. Les travailleurs se méfient, à raison, de telles enquêtes, dont l’objectif principal est de trouver un coupable afin de déresponsabiliser la direction.

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