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- Lutte ouvrière n°2885
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États-Unis : fin de la grève dans l’automobile, pas du mécontentement ouvrier
Aux États-Unis, après les accords de fin de grève entre le syndicat de l’automobile UAW et les trois grands patrons du secteur, les travailleurs sont en train de voter pour ou contre les projets qui leur sont présentés.
Certains résultats affichent plus de 80 % de votes favorables aux accords, comme à l’usine d’assemblage Ford à Wayne dans le Michigan. Dans d’autres sites, le oui aux accords ne l’a emporté qu’à une faible majorité. Mais dans une usine de montage de General Motors, à Flint dans le Michigan, les travailleurs ont voté contre à 52 %.
Les opérations de vote sont encore en cours et les bilans complets sont à venir. Mais manifestement un nombre significatif d’ouvriers de l’automobile sont critiques vis-à-vis des accords ; suffisamment pour pousser les dirigeants syndicaux à devoir se justifier dans de nouvelles vidéos. La direction du syndicat UAW, en la personne de Shawn Fain, avait décidé fin octobre que les ouvriers grévistes devaient retourner au travail. Cela, dès la signature d’un projet d’accord par l’équipe des négociateurs, dans chacune des entreprises, et alors même que le vote n’avait pas eu lieu pour savoir si une majorité de travailleurs l’approuvait ou le rejetait.
Les trois projets de contrats avaient été présentés par Shawn Fain et d’autres dirigeants syndicaux comme des accords « historiques ». Et de préciser que les négociateurs ont été jusqu’à ramasser le dernier centime sur la table des négociations. Quelle prouesse ! Mais qu’en est-il des milliards qui sont restés dans les coffres-forts des banques ? Sans compter tout ce que les actionnaires ont empoché ces dernières années pour gonfler leurs fortunes personnelles.
La direction du syndicat UAW a mis tous ses efforts, d’une part pour arrêter la grève, et d’autre part pour obtenir que l’ensemble des 146 000 syndiqués ratifient les contrats. Shawn Fain a même prétendu que la reprise du travail chez Ford, premier à signer un accord, ferait pression sur Stellantis et General Motors pour qu’ils acceptent de signer le même genre d’accord. Selon lui, l’arme des travailleurs, dans ce cas, aurait été de retourner au travail.
Lors du processus de ratification, le syndicat a organisé des réunions au cours desquelles les responsables syndicaux devaient répondre aux questions des ouvriers. Il n’est pas évident de s’y retrouver dans des documents de plusieurs dizaines de pages comportant des plus et des moins, ainsi que des transferts de montants d’un domaine à un autre, faisant qu’au final une augmentation de salaire cache des diminutions de primes ou d’autres avantages dans l’assurance maladie ou les retraites.
Il serait plus important que les travailleurs puissent discuter entre eux des résultats des négociations, et de la possibilité ou non d’obtenir davantage par un élargissement de la grève. Car ce qui a été obtenu est le résultat d’une grève partielle, puisque 46 000 salariés seulement ont été appelés à cesser le travail, sur un total de 146 000.
Ces accords « historiques » sont loin des revendications affichées au départ. Les 46 % d’augmentation de salaire revendiqués sont à comparer avec les 25 % à 30 % obtenus pour les quatre années et demie à venir. Et puis, les concessions au profit des employeurs que le syndicat a acceptées depuis les années 1980 resteront encore en bonne partie en vigueur. Ainsi, pour rétablir des conditions de travail plus décentes, des embauches massives seraient indispensables. De plus, les centaines de milliers d’ouvriers des sous-traitants, dont le nombre a explosé ces quarante dernières années, sont exclus de ces accords, car non syndiqués.
En août, les 146 000 salariés des trois grands de l’automobile avaient voté à la quasi-unanimité pour autoriser la direction du syndicat à appeler à la grève, et les ouvriers y ont répondu à chaque fois pendant les six semaines du conflit. Le résultat n’est pas à la mesure de ce profond mécontentement.