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Leur société
Assurance chômage : des cadeaux aux patrons sur le dos des chômeurs
Les organisations patronales et syndicales (sauf la CGT et la CGC) viennent de signer un texte devant déboucher sur la convention de l’Assurance chômage valable jusqu’en 2027. Le patronat y gagne quelques milliards, payés par les cotisations des travailleurs et par de nouvelles économies sur les allocations.
La plupart des syndicats s’étaient félicités d’être ainsi conviés à marchander les droits et l’argent des travailleurs avec les représentants des patrons. Les dés étaient pipés dès le départ, tout étant cadré par une lettre des services de Borne qui fixait à l’avance les grandes lignes : interdiction de toucher aux dernières réformes, obligation de prélever 11 à 12 milliards en quatre ans dans la caisse afin de financer « les politiques en faveur de l’emploi et de la formation » et aucune nouvelle dépense sans économie correspondante.
Les patrons sont ressortis de ces quelques dizaines d’heures de réunion avec une réduction du périmètre du malus contre le recours aux contrats courts et 1,5 milliard d’euros de moins à payer en cotisations. Ils ont aussi l’assurance de voir leur revenir la douzaine de milliards d’euros dédiés à l’emploi et à la formation, largement destinée à financer l’apprentissage, qui fournit aux employeurs une main-d’œuvre quasi gratuite.
Pour couvrir ces frais, les autorités comptent sur les milliards d’euros d’excédents dégagés par l’Unedic et sur de nouvelles attaques contre les chômeurs. Les mois de 31 jours, seuls 30 jours seront indemnisés, les jours en question étant reportés en fin de droits… c’est-à-dire qu’ils seront perdus pour tous ceux qui auront retrouvé du travail avant la fin de leur période d’indemnisation. Les aides pour les chômeurs qui tentent de créer une entreprise seront nettement réduites et des mesures en faveur des intermittents, concédées fin octobre, sont annulées.
Pour faire passer la pilule, les signataires annoncent que les chômeurs pourront toucher des allocations après cinq mois de travail au lieu de six, mais cette mesure ne concernera que les saisonniers et les nouveaux entrants sur le marché du travail. Les allocations ne seront plus dégressives à partir de 55 ans, au lieu de 57 ans actuellement, mais la garantie du maintien du droit aux allocations jusqu’au départ à la retraite commencera à 64 ans au lieu de 62 ans. Trop honteux de cette ultime compromission, les syndicats ont obtenu qu’elle ne figure pas dans le protocole final, mais qu’elle soit intégrée dans la conclusion des futures négociations sur l’emploi des seniors.
Avant de donner son aval, le gouvernement fait mine de se demander si le texte n’est pas trop favorable aux chômeurs. En tout cas, que l’Assurance chômage soit déficitaire ou qu’elle dégage des milliards d’excédent, le patronat sort toujours gagnant de ces discussions au sommet.