Sommet de Riyad : la solidarité en pointillés des États arabes15/11/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/11/2885.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

guerre au moyen-orient

Sommet de Riyad : la solidarité en pointillés des États arabes

L’Arabie saoudite organisait, le 11 novembre à Riyad, un sommet conjoint de la Ligue arabe et de l’Organisation de la coopération islamique, pour discuter de la guerre à Gaza et soutenir officiellement les Palestiniens, représentés par Mahmoud Abbas.

La seule chose qui unit vraiment les 31 chefs d’État qui se sont réunis à Riyad est la crainte des réactions et mobilisations de leurs peuples respectifs, révoltés par le supplice subi par les Gazaouis dans l’indifférence des dirigeants du monde entier. Symptôme de cette inquiétude, la veille du sommet, le chef des affaires religieuses de la grande mosquée de la Mecque a déclaré : « Les peuples musulmans ne doivent pas s’immiscer dans ce qui se passe à Gaza mais laisser agir leurs dirigeants. »

Mais leurs dirigeants, comme tous leurs prédécesseurs depuis 75 ans, se moquent en fait du sort des Palestiniens. Bien sûr, les 31 chefs d’État ont signé une déclaration commune dénonçant « l’agression d’Israël contre Gaza ». Ils demandent à l’ONU d’imposer une « solution contraignante pour mettre fin à l’occupation coloniale israélienne » et « livrer l’aide humanitaire ». Cela reste des mots et, pour le reste, ils ont surtout étalé leurs divergences de positions et d’intérêts.

L’Égypte, qui maintient fermée la porte de Rafah, au sud de Gaza, et la Jordanie, dont 60 % de la population est palestinienne, restent dépendantes des États-Unis, qui fournissent à l’une comme à l’autre plus d’un milliard de dollars d’aide militaire chaque année. Si des pays comme l’Algérie et le Liban ont réclamé des sanctions économiques contre Israël, dont l’arrêt de livraison du pétrole, les Émirats arabes unis, le Bahreïn et le Maroc les refusent, eux qui ont signé en 2020 les accords d’Abraham, normalisant leurs relations avec Israël.

L’Arabie saoudite s’apprêtait à signer un accord du même type avant que l’attaque du Hamas le 7 octobre, puis le déchaînement d’Israël sur Gaza, ne l’en empêchent, au moins pour l’instant. Alliée indéfectible des États-Unis, elle s’est récemment rabibochée avec l’Iran qui ne cesse de dénoncer le « grand Satan » américain. Cela n’empêche pas les deux États d’alimenter en armes deux camps opposés dans la sanglante guerre du Yémen. Le sommet de Riyad a d’ailleurs permis la première rencontre officielle entre le président iranien Raïssi et le prince héritier saoudien MBS. Ce sommet a encore permis le retour discret sur la scène diplomatique du Syrien Bachar el-Assad : le « boucher de Damas » peut désormais être reçu par le « boucher de Riyad ».

L’attaque du Hamas et la nouvelle guerre d’Israël ont bouleversé les rapports entre les puissances au Moyen-Orient, mais aussi alimenté la colère des peuples contre les multiples formes de domination qu’ils subissent. Chaque régime cherche la meilleure place dans cette nouvelle donne, tout en redoutant de possibles explosions qui rendraient leur situation plus instable. Ce n’est pas du côté de ces chefs d’État mais du côté des autres opprimés, voisins du peuple palestinien, que celui-ci doit chercher des alliés.

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