- Accueil
- Lutte ouvrière n°2885
- Livret A : l’épargne livrée à l’armée et aux profiteurs de guerre
Leur société
Livret A : l’épargne livrée à l’armée et aux profiteurs de guerre
« Mobiliser l’épargne des Français permettrait d’impliquer les citoyens dans la mise en œuvre de l’économie de guerre et donc de renforcer les forces morales de la nation », proclamait en mars dernier un rapport parlementaire.
Un amendement du projet de loi de finances 2024 adopté par recours au 49-3 le 7 novembre va donc permettre d’utiliser l’épargne déposée sur les livrets A et les livrets de développement durable et solidaire pour financer les quelque 4 000 entreprises d’armement du pays.
Pour l’instant, les encours centralisés par la Caisse des dépôts et consignations, 60 % du total, ne sont pas concernés. Depuis 2009 et la réforme Fillon, les banques conservent 40 % des quelque 500 milliards répartis entre les 56 millions de livret A ouverts dans le pays. L’argent à prêter aux industriels de l’armement, à des conditions bien sûr très favorables, serait puisé dans le pactole laissé aux banques, qu’elles utilisent, reconnaissent-elles, pour leurs opérations financières et spéculatives. Encore faudra-t-il que les banques le veuillent bien, évidemment.
Le livret A est destiné, normalement et en priorité, au logement social, du moins pour la partie centralisée par la Caisse des dépôts. Il n’empêche que cet amendement relève de l’emprunt forcé, afin de renforcer un arsenal de guerre et les livraisons d’armes de l’industrie française à l’étranger, entre autres à l’Ukraine. Et puis, il résume à lui seul la priorité du gouvernement : orienter des milliards qui finiront en engins de guerre et rempliront les coffres des industriels du secteur de l’armement. Un amendement qui aurait pu orienter la manne vers le logement, en particulier le logement social dont la crise s’est aggravée, n’a évidemment pas été envisagé.
Injuste, nuisible, cet amendement contribue à installer « l’économie de guerre » en sacrifiant ce qui est utile à la population, sans bien sûr lui demander son avis sur ce genre de « défense de la patrie ».