Yara – Montoir : profits record, accidents mortels, pollution et licenciements15/11/20232023Journal/medias/journalarticle/images/2023/11/P11-1_Yara_C_LO.jpg.420x236_q85_box-4%2C0%2C796%2C445_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Yara – Montoir : profits record, accidents mortels, pollution et licenciements

Yara, une entreprise située en bord de Loire à Montoir-de-Bretagne près de Saint-Nazaire, vient d’annoncer qu’elle cessait sa fabrication d’engrais à base de nitrate d’ammonium pour ne garder que la fonction d’entrepôt, entraînant la perte d’emploi de 139 de salariés sur 171.

Illustration - profits record, accidents mortels, pollution et licenciements

Au niveau des dangers que représentait cette entreprise, elle était classée Seveso seuil haut , mais refusait depuis longtemps de se mettre aux normes édictées par les pouvoirs publics en ce qui concerne la sécurité du personnel et des habitants de la région : elle trouvait plus commode de rejeter des produits toxiques dans l’air et dans la Loire.

Depuis des années, des syndicats, associations de riverains et écologistes dénonçaient cette situation. Sans aucun effet. Ils ont organisé ces derniers mois des manifestations demandant, avec le maire de la commune, la suspension administrative de l’entreprise, qui aurait garanti le versement des salaires aux salariés tant que le site ne serait pas mis aux normes.

L’entreprise était connue pour sa vétusté et sa dangerosité. Début novembre un intérimaire de 50 ans y a fait un premier malaise ; après quelques instants de repos il a repris ses travaux au-dessus d’un stockage d’ammoniaque où le deux-ième malaise lui a été fatal. Trois ans plus tôt, au cours de travaux de maintenance, trois salariés avaient fait une chute et l’un d’entre eux en était mort à 46 ans.

Les pouvoirs publics, parfaitement informés de la situation depuis plusieurs années, ont rappelé à la direction les exigences réglementaires sans contraindre en quoi que ce soit l’entreprise, si ce n’est au travers d’amendes peu dissuasives.

Pourtant, l’entreprise avait largement les moyens de se mettre aux normes. Elle appartient à la multinationale Yara à propos de laquelle le journal patronal L’Usine nouvelle écrivait en février dernier : « Le groupe norvégien Yara, champion des engrais azotés, a ponctué un exercice financier record malgré une baisse significative des volumes produits et livrés ! » Le bénéfice en France s’élevait à 150 millions d’euros, soit 10 % du chiffre d’affaires.

Le député LFI de la circonscription a déclaré que « l’État doit prendre ses responsabilités ». Mais cela fait longtemps que l’État a pris ses responsabilités : il a fait tout ce qu’il fallait pour que la machine à profit continue à fonctionner avec succès. La seule fois où les forces de police sont intervenues à Yara a été pour évacuer une manifestation de gilets jaunes qui protestaient contre les rejets polluants de l’usine.

L’entreprise va donc continuer comme une aire de stockage, ce qui n’évacue absolument pas le problème de sa dangerosité. C’est le stockage de nitrate d’ammonium non maîtrisé qui avait été à l’origine des explosions d’AZF à Toulouse en 2001, causant 31 morts, et sur le port de Beyrouth il y a trois ans, avec 218 morts.

Aujourd’hui comme hier, tout dépendra de la mobilisation des travailleurs de la région pour faire respecter leurs intérêts à l’intérieur comme au dehors des entreprises.

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