Loi immigration : Darmanin à la remorque des plus réactionnaires08/11/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/11/2884.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Loi immigration : Darmanin à la remorque des plus réactionnaires

Le projet de loi immigration du gouvernement était examiné par les sénateurs à partir du lundi 6 novembre. Les premières mesures adoptées par le Sénat, à majorité de droite, en durcissent les aspects répressifs.

Annoncée il y a un an, cette loi immigration a été remodelée, un temps abandonnée, puis opportunément remise sur la table en février dernier, alors que le gouvernement était massivement bousculé par les manifestations contre la réforme des retraites. Espérant regrouper une majorité derrière son texte, Darmanin prétendait en avoir équilibré les aspects répressifs et ceux prétendument favorables à une plus grande intégration. Ces derniers se résument en réalité à un article 3 qui envisage la possibilité, très encadrée, de régulariser, pour un temps limité, certains travailleurs dans les métiers dits « en tension ». Darmanin a ainsi offert à la droite une opportunité de surenchère xénophobe.

Le Sénat a ainsi voté l’instauration de quotas que le Parlement serait chargé de déterminer tous les trois ans, suivant les différentes catégories d’immigration, à l’exception du droit d’asile, qui est de toute façon toujours plus difficile à obtenir. Il est également allé au-delà du durcissement des conditions du regroupement familial du projet de Darmanin. En plus d’exiger un certain niveau de maîtrise du français, les sénateurs ont reculé l’âge auquel une personne immigrée pourrait demander la venue de son conjoint et fait passer la durée de présence sur le territoire à deux ans minimum, avant de pouvoir présenter une demande de regroupement.

Darmanin s’est affiché conciliant, a expliqué que les quotas n’étaient « ni la panacée, ni un drame absolu » et que tout pouvait être discuté. Autant dire que la droite se sentait pousser des ailes pour exiger la suppression de l’article 3 jugé trop « encourageant ». Elle l’a d’ailleurs obtenu à la dernière minute.

Au-delà des calculs plus ou moins infâmes de politiciens cherchant à plaire à leur électorat, les nombreuses lois sur l’immigration servent au patronat, pour exploiter plus et diviser davantage. C’est ce que dénonçaient les manifestants réunis devant le Sénat lundi 6 novembre. Comme l’affirmait un travailleur en lutte pour la régularisation : « Nous avons tenu le pays pendant la pandémie. Les travailleurs sans papiers étaient dans les entrepôts, dans la restauration, ils s’occupaient des personnes âgées, alors le minimum, c’est d’être régularisés. » Le même travailleur a pris l’exemple de la lutte des sans-papiers de Chronopost pour illustrer l’hypocrisie du gouvernement qui fait partie des exploiteurs de travailleurs sans papiers au travers d’entreprises comme cette filiale du groupe public La Poste.

En s’attaquant à une partie des travailleurs qui vivent et travaillent ici, la loi immigration de Darmanin et les surenchères à droite qu’elle provoque visent tous les travailleurs. Ils ont intérêt à s’y opposer, non seulement au nom de l’humanité élémentaire, mais parce que les immigrés, avec ou sans papiers, sont une partie de leurs propres forces face au patronat et au gouvernement à son service.

Partager