Les répercussions en Asie centrale08/11/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/11/2884.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

guerre au moyen-orient

Les répercussions en Asie centrale

4 000 kilomètres au moins séparent Gaza de Tachkent, la capitale de l’Ouzbékistan, ou d’Astana, celle du Kazakhstan. Pourtant la guerre qu’y mène l’armée israélienne contre la population gazaouie éveille des échos et une sympathie pour les Palestiniens qui s’exprime dans la rue parmi les habitants de l’Asie centrale ex-soviétique, ainsi que du Caucase Nord dépendant de la Russie.

Cela s’explique sans doute en partie par le fait que les populations de ces pays – Kazakhstan, Ouzbékistan, Tadjikistan, Kirghizistan, Turkménistan – ou de la république russe du Daghestan sont de tradition musulmane, mais pas seulement. Dans ces contrées appauvries par la disparition de l’URSS en 1991, et depuis pillées comme jamais par une bureaucratie rapace dont les chefs se drapent souvent dans la religion et le nationalisme pour justifier leur dictature, les populations ont semble-t-il assez spontanément identifié leur sort à celui des Palestiniens.

Depuis des semaines, on assiste en effet à des manifestations plus ou moins spontanées en solidarité avec les victimes des bombes israéliennes. Mais on voit aussi que les autorités, qui jusque-là se taisaient, ont, au Turkménistan, renforcé leur contrôle sur tous les médias pour éviter la « contamination » de leur population. Dans quatre autres pays d’Asie centrale, elles ont choisi de protester officiellement contre Israël. En Ouzbékistan, elles ont même décidé d’appeler à des manifestations propalestiniennes très encadrées, quelques jours après avoir fait arrêter des dizaines de personnes qui avaient manifesté par elles-mêmes.

De cela, la presse française a préféré ne trop rien dire au moment où Macron aidait à signer de gros contrats dans la région. Ce silence tranche avec le flot d’informations se voulant sensationnelles sur ce que les mêmes médias présentaient quelques jours plus tôt comme une chasse aux Israéliens sur l’aéroport de Makhatchkala, au Daghestan russe. En fait, il s’agissait de Russes d’origine juive qui seraient revenus d’Israël pour échapper à la conscription, alors qu’ils y étaient partis pour éviter d’être envoyés au front en Ukraine…

Que, dans ce cas et parfois lors de manifestations en Asie centrale, des courants de la mouvance islamiste aient voulu avancer leurs pions, c’est probable. D’autant plus que nombre de dirigeants de ces pays ou du Caucase russe jouent plus ou moins de la carte islamiste pour « tenir » leur population.

Le 31 octobre, le président ouzbek Mirzioïev a « exprimé fermement sa solidarité avec le peuple palestinien » devant les caméras de télévision. Les ministres des Affaires étrangères de trois des États de la région ont aussi dénoncé immédiatement le sanglant bombardement d’un hôpital à Gaza. Il est clair que les autorités de ces pays tentent de prendre les devants quand leur population éprouve de la solidarité avec celle de Palestine, opprimée, spoliée, bombardée, dans laquelle elle se retrouve.

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