Bangladesh : travailleurs en lutte pour de meilleurs salaires08/11/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/11/2884.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Bangladesh : travailleurs en lutte pour de meilleurs salaires

Depuis fin octobre, plusieurs dizaines de milliers d’ouvriers du textile sont en grève à Dacca et dans d’autres villes industrielles du Bangladesh. Pour faire face à l’inflation, ils réclament des salaires équivalant à 190 euros mensuels, alors qu’actuellement ceux-ci stagnent à 70 euros.

La colère est grande parmi les travailleuses et les travailleurs du textile et depuis le 1er novembre, les manifestations, les barrages routiers et les jets de pierre contre les usines se multiplient ; quatre d’entre elles ont même été incendiées. Devant la détermination des grévistes, outre l’envoi des forces de répression, les patrons de 600 entreprises avaient choisi de fermer leur usine pendant une semaine. Mais lors de la réouverture de celles-ci le 4 novembre, la colère était toujours intacte. La répression est alors devenue encore plus violente et, depuis le début de la grève, plusieurs travailleurs y ont laissé la vie.

Le Bangladesh est le second exportateur de textiles après la Chine. Ses quelque 3 500 usines emploient quatre millions d’ouvriers, majoritairement des femmes, et fournissent des marques occidentales telles que Hugo Boss, Gap, H & M, Zara, Levi’s, Aldi. Si elles se sont installées dans ce pays – ou dans d’autres pays pauvres – c’est bien parce que l’exploitation féroce des ouvriers leur permet d’accumuler de très confortables bénéfices. Ces firmes n’ignorent rien des conditions de travail harassantes, jusqu’à 16 heures par jour, ni des cadences folles. Elles n’ignorent pas non plus que de nombreuses usines peuvent être des pièges mortels pour leurs ouvriers, à cause d’incendies ou d’effondrements de bâtiments, comme pour le Rana Plaza en avril 2013.

Alors qu’elles profitent des bas salaires, plusieurs grandes marques, dont Adidas ou Puma, ont écrit au début du mois à la Première ministre du pays pour lui faire « remarquer » que les salaires n’avaient pas été revalorisés depuis 2019, alors que l’inflation avait « considérablement augmenté ». C’est curieux comme la colère des travailleurs peut ouvrir les yeux des exploiteurs lorsqu’ils craignent pour leurs biens…

Pour l’instant, l’association des fabricants, dont un certain nombre sont membres du gouvernement, n’a proposé que 25 % d’augmentation des salaires, au lieu du triple demandé par les travailleurs. Mais ces derniers, qui n’ont pas craint dans le passé d’affronter leurs exploiteurs, n’ont pas dit leur dernier mot.

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