Les “solutions” des dirigeants des États-Unis08/11/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/11/2884.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

guerre au moyen-orient

Les “solutions” des dirigeants des États-Unis

Alors que Gaza est transformé en champ de ruines et en cimetière, que la famine et les épidémies menacent ceux qui échappent aux bombardements, les dirigeants américains continuent de soutenir l’armée israélienne, demandant tout au plus une « pause humanitaire ».

Il faut davantage que le massacre de tout un peuple sous les yeux du monde entier pour émouvoir les dirigeants des États-Unis. Mais le supplice subi par les Gazaouis et le soutien inconditionnel des dirigeants américains et européens à Netanyahou provoquent de plus en plus de réactions, en particulier dans la population des pays arabes. Même aux États-Unis, alors que les élections présidentielles se profilent, le soutien de Joe Biden à Israël est contesté par toute une fraction des électeurs du Parti démocrate, dont plusieurs dizaines de milliers ont manifesté le 4 novembre à Washington.

Le Moyen-Orient a été transformé en poudrière par un siècle de manœuvres et d’interventions impérialistes pour soutenir puis abattre tel ou tel régime. Certes, les dirigeants des pays voisins restent l’arme au pied et ne veulent pas être entraînés dans une guerre contre Israël, dans laquelle ils se trouveraient nécessairement face aux États-Unis. La Jordanie dénonce les crimes de l’État israélien mais s’est contentée de rappeler son ambassadeur. La Turquie d’Erdogan fait de même. Et ni le Hezbollah libanais ni les dirigeants iraniens, qui financent et arment à la fois le Hezbollah et le Hamas et sont présentés par les médias occidentaux comme les seuls va-t-en guerre, en fait ne souhaitent l’escalade, pas plus que les régimes arabes.

Mais il y a une différence entre la politique et les calculs des chefs de ces régimes, chacun à leur façon intégrés dans l’ordre impérialiste, et les aspirations et les sentiments de leurs propres peuples, opprimés et maintenus dans la pauvreté. La solidarité vis-à-vis des Palestiniens martyrisés qui s’exprime aujourd’hui par des manifestations, quand elles sont autorisées, pourrait vite se transformer en révolte ouverte des classes populaires de ces pays contre leurs dirigeants assis sur un volcan social. C’est un risque qu’envisagent les dirigeants américains et auquel ils veulent pouvoir faire face. C’est aussi pour cela qu’ils ne veulent pas lâcher l’État israélien. Celui-ci, parce qu’il alimente un état de guerre contre les Palestiniens, parce qu’il fait que sa population se considère comme assiégée, parce qu’il a une armée aguerrie et suréquipée, est considéré comme le gendarme le plus fiable des intérêts américains.

Pour faire mine de se préoccuper un peu du sort des Palestiniens et intégrer certains États arabes à ce jeu diplomatique, les dirigeants américains ressortent des oubliettes « la solution à deux États ». Mais toute la politique des dirigeants sionistes, depuis la fondation d’Israël, a consisté à empêcher cette solution d’émerger. Après avoir annexé des zones entières dévolues aux Palestiniens par le plan de partage de l’ONU de 1947, ils ont occupé militairement la Cisjordanie et Gaza. Après les accords d’Oslo de 1993, ils ont méthodiquement grignoté les Territoires palestiniens et sapé le crédit et l’assise de l’Autorité palestinienne gérée par le Fatah et l’OLP, favorisant ainsi le développement du Hamas. Après avoir quitté Gaza en 2005, ils ont entouré ce territoire d’un immense mur, l’ont coupé de toutes relations avec la Cisjordanie.

Alors que Gaza est transformé en un tas de ruines, que l’Autorité palestinienne contrôle bien difficilement quelques localités de Cisjordanie, les dirigeants américains ne manquent pas de cynisme en faisant semblant de redécouvrir la « solution à deux États ». Elle s’est réduite jusqu’à présent à un mirage, destiné surtout à faire patienter les Palestiniens dans l’espoir qu’un jour, peut-être, une solution serait trouvée. Dans la situation actuelle, il leur sera sans doute bien difficile de ressusciter ce mirage et de lui donner quelque crédibilité.

Quant à gouverner sur les décombres qu’ils ont engendrés, il faudra bien que les dirigeants israéliens et américains trouvent une solution provisoire. Quelle qu’elle soit, elle sera une impasse pour les Palestiniens et une étape vers d’autres guerres.

Partager