Sans-abri : les pseudo-mesures du gouvernement08/11/20232023Journal/medias/journalarticle/images/2023/11/P4-1_Enfants_a_la_rue_Ok_Lupo.jpg.420x236_q85_box-0%2C90%2C440%2C337_crop_detail.jpg

Leur société

Sans-abri : les pseudo-mesures du gouvernement

Le ministre du Logement vient d’annoncer 500 recrutements supplémentaires au Samu social, cet ensemble d’associations chargées de l’hébergement d’urgence. Le ministre prétend ainsi « désengorger » le 115, le numéro d’urgence pour les personnes sans abri, et augmenter le nombre de maraudes.

Illustration - les pseudo-mesures du gouvernement

Il est bien sûr ahurissant que, faute de lignes et de personnel, le 115 soit injoignable parfois des journées entières. Mais les mesures prises ne seront qu’une goutte d’eau dans un océan de détresse. Le véritable scandale est que, dans un des pays les plus riches de la planète, le nombre de sans-abri soit en train d’exploser, y compris concernant des enfants. Ainsi, dans la nuit de 2 octobre, 2 282 enfants se sont retrouvés sans solution d’hébergement, et ceci après que le 115 eut été contacté. D’après les associations, la précarité extrême recensée a augmenté en un an de 20 %. Et il ne s’agit là que du « sommet de l’iceberg » puisque la majorité des sans-abri ne cherchent même pas à contacter le 115.

De nombreux mineurs sont réduits à vivre dans les squats, livrés à eux-mêmes ou à la violence de la rue. Des femmes seules ou avec enfant peuvent être prioritaires dans l’attribution d’un hébergement, mais bien souvent pour une seule nuit dans un meublé de tourisme ou dans un foyer d’accueil. Et en permanence des dizaines de milliers de personnes, jeunes ou vieux, passent la nuit dehors.

Cette situation provient tout d’abord de la pénurie de logements à prix abordables. Ensuite, l’inflation se traduit par une hausse des loyers et des charges les rendant inaccessibles à un nombre croissant de travailleurs, même quand ils ont un emploi. Enfin, les refus d’accorder le droit d’asile ou de séjour multiplient encore par dix les obstacles pour les sans-papiers voulant disposer d’un toit.

En 1912, Rosa ­Luxemburg écrivait dans un article consacré à l’asile de nuit de Berlin : « Chaque jour des sans-abri s’écroulent, terrassés par la faim et le froid. Personne ne s’en émeut, seul les mentionne le rapport de police. […] L’asile de nuit pour sans-abri et les contrôles de police sont les piliers de la société actuelle au même titre que le Palais du Chancelier du Reich et la Deutsche Bank. » Un siècle plus tard, en France, c’est la même situation.

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