Vertbaudet – Marquette-lez-Lille : victoire des grévistes07/06/20232023Journal/medias/journalarticle/images/2023/06/P14-1_Vertbaudet_1er_juin_C_LO.jpg.420x236_q85_box-0%2C75%2C799%2C525_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Vertbaudet – Marquette-lez-Lille : victoire des grévistes

Après 75 jours de grève, les 72 grévistes de Vertbaudet sont rentrées dans l’entrepôt la tête haute. La direction a dû céder entre 90 et 140 euros net d’augmentation de salaire, l’embauche de 30 intérimaires, l’abandon des menaces de licenciement contre les grévistes et le paiement du 13e mois sans déduction des jours de grève.

Illustration - victoire des grévistes

Avant la grève, cela paraissait impossible. La direction, misogyne et grossière envers les ouvrières, était à l’attaque sur les rythmes et les conditions de travail. Lors des négociations annuelles (NAO) de 2023, les syndicats majoritaires avaient signé pour 650 euros de prime mais 0 % d’augmentation !

L’annonce par la direction, deux semaines plus tard, de 27 millions de bénéfice en 2022 (après 11,4 millions en 2021) a attisé la colère des ouvrières qui sont majoritairement payées quasi au smic. Les militantes CGT de l’entrepôt et les militants de l’Union locale ont alors organisé une action devant l’entreprise le 20 mars, lors d’une journée de mobilisation contre la réforme des retraites. Près de la moitié des embauchées s’en sont saisies pour faire grève pour une augmentation des salaires. Une caisse de grève a été mise en place par la CGT et a aidé à tenir.

La direction a eu recours à des intérimaires pour remplacer les grévistes au mépris de toute légalité… mais la justice a tranché en faveur du patron ! L’État a aussi mis des policiers au service de la direction pour harceler et intimider les grévistes qui tenaient collectivement le piquet : ils ont distribué des amendes de 135 euros pour mauvais stationnement, ont dispersé le piquet de grève et ont envoyé une gréviste à l’hôpital. De leur côté les ouvrières ont eu l’appui de la population. Chaque jour, des soutiens extérieurs à l’entreprise sont venus renforcer les grévistes, apportant les uns un encouragement, d’autres de la nourriture, du café ou de l’argent.

Après plus de deux mois de grève, la direction a été obligée d’ouvrir les négociations. Les grévistes ont refusé les premières propositions ridiculement faibles et ont renvoyé leur déléguée dire « non » à la direction. Au bout de plusieurs allers-retours entre le piquet et la direction, celle-ci a été contrainte de céder des augmentations plus conséquentes. Le lendemain, lors d’une réunion pour régler la reprise, une quarantaine d’ouvrières se sont invitées dans le bureau du directeur pour lui dire ses quatre vérités.

Cette première grève est une victoire. En plus des augmentations, les ouvrières y ont gagné leur dignité, en se battant et en faisant ravaler son mépris à la direction. Ces deux mois passés ensemble les ont soudées. Elles ont pu mesurer la complicité de l’État et des actionnaires et, à l’inverse, la solidarité des travailleurs avec les grévistes.

Ces leçons et victoires seront utiles pour l’avenir. Le dernier jour, les ouvrières en discutaient déjà : « Cette fois, on a été prises au dépourvu. La prochaine fois, on se sera préparées. »

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