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Leur société
Fraude sociale : les voleurs sont les patrons
Au nom de la lutte contre la fraude sociale ou fiscale, le gouvernement organise une campagne qui a en fait comme objectif de désigner les pauvres, les travailleurs, les immigrés comme des voleurs. Alors que le pillage des caisses publiques par la grande bourgeoisie s’opère en toute impunité et à une tout autre échelle.
Le gouvernement affirme par exemple vouloir contrôler davantage les arrêts de travail par un « programme national de contrôle » à partir de septembre. Il devient difficile d’avoir une visite de médecin à domicile ou même de trouver un médecin traitant. Mais pour contrôler et éventuellement sanctionner un travailleur en arrêt, des médecins sont et seront mobilisés et envoyés à domicile par la Sécurité sociale ou le patronat via des officines de privées.
La fusion carte d’identité-carte vitale est aussi avancée comme moyen de traquer les prêts de cartes vitales, en visant les travailleurs immigrés. Cette fraude, si elle existe, est insignifiante économiquement, mais le gouvernement pense que cette démagogie chassant sur les terres du RN peut être rentable électoralement.
Les allocataires du RSA sont dans le collimateur à double titre. D’une part, Gabriel Attal, ministre des Comptes publics, a promis de revérifier leurs conditions de ressources comme pour les autres bénéficiaires d’allocations. En réalité, contrairement aux capitalistes qui ne laissent jamais échapper un centime d’argent public grâce à leurs conseillers fiscaux et à la bienveillance de l’État, les pauvres renoncent bien souvent à faire valoir leurs droits : dix milliards de prestations sociales par an ne sont pas versés, selon la Drees. Par exemple, un tiers des personnes qui seraient éligibles au RSA ne le réclament pas.
D’autre part, le projet de création de France Travail, en remplacement de Pôle emploi, prévoit le recensement de toute personne en recherche d’emploi, ce qui se traduirait par l’intégration dans le fichier de cet organisme de deux millions de travailleurs supplémentaires, allocataires du RSA, jeunes ou handicapés, en plus des 6,1 millions de demandeurs d’emploi déjà recensés à l’échelle nationale. Il ne s’agit pas là de leur permettre d’accéder à un emploi stable et correctement rémunéré, mais de les mettre sous contrôle et surveillance renforcée avec menace de suspension du RSA en cas de refus d’une activité de 15 à 20 heures hebdomadaires. Au total, ce type de mesure ne supprimera pas un seul chômeur, mais il permettra au patronat de faire pression à la baisse sur les salaires de tous.
La vraie fraude sociale, contrairement aux discours des médias et du gouvernement, n’est pas la fraude aux prestations sociales qui serait commise par les pauvres. D’après la Cour des comptes, elle consiste surtout en une fraude aux cotisations sociales, grâce au travail non déclaré par le patronat, qui avoisinerait les huit milliards d’euros.
Mais le sport favori de la bourgeoisie est en fait la fraude fiscale, d’un montant estimé de 80 à 100 milliards, soit près de deux fois le budget de l’Éducation nationale. Fraude à la TVA, à l’impôt sur les sociétés, à l’impôt sur le revenu, la bourgeoisie bafoue systématiquement ses propres lois fiscales, avec la complicité totale des États et des politiciens de passage à leur tête.