Dette publique : une rente à vie pour les financiers07/06/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/06/2862.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Dette publique : une rente à vie pour les financiers

À la fin du mois de mai, la crainte d’une dégradation de la note attribuée à la dette publique de la France par l’agence S&P Global (ex-Standard and Poor’s) a concentré l’attention des médias et des dirigeants politiques.

Vendredi 2 juin, l’agence de notation S&P Global a finalement maintenu la note de la France au niveau « AA ». Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, s’est immédiatement vanté de ce « signal positif » et de la « stratégie en matière de finances publiques » de son gouvernement. En effet, ces notes expriment aussi à quel point ce sont les marchés financiers qui font la politique d’un gouvernement. Fitch, une autre agence, avait dégradé la cote de crédit de la France d’un cran il y a quelques semaines, suscitant les protestations du même gouvernement. Fitch évoquait alors le climat de tension sociale en France, susceptible de rendre difficile le redressement des finances publiques. En clair, ces agences craignent qu’une possible contestation sociale, comme le mouvement contre la réforme des retraites, mette à mal la politique d’attaques des classes populaires de Macron. Loin d’être un indicateur économique neutre, les notes attribuées par ces agences de notation sont avant tout politiques.

Si l’annonce du 2 juin était à ce point attendue, c’est parce que les notes permettent aux financiers de décider à quels taux les États peuvent emprunter auprès des banques. Et donc de décider comment ces mêmes financiers pourront pomper l’argent public. Alors que la dette publique mondiale atteint des records, la hausse des taux d’intérêts rend le service de leur dette toujours plus lourd. En France, ce sont 53 milliards d’euros qui ont été déboursés en 2022, soit une augmentation de 15 milliards d’euros en un an, pour le seul remboursement des intérêts de la dette publique, qui représente actuellement 3 000 milliards d’euros et continue d’augmenter. Elle est la conséquence directe du « quoi qu’il en coûte » de Macron, c’est-à-dire des milliards d’aides versés aux capitalistes, du Covid à la guerre en Ukraine, en passant par les subventions aux entreprises contre la hausse des coûts de l’énergie. Mais elle est remboursée par les classes populaires, à qui on serre la ceinture et qui voient les services publics se dégrader sous le coup des économies.

La dette publique représente ainsi une autre manne financière pour les capitalistes. Elle leur garantit une rente régulière, à vie, et en augmentation constante. Cette dette, contractée dans le seul intérêt des capitalistes et des banquiers, est souvent invoquée pour tenter de justifier la politique d’économies menée par le gouvernement contre les conditions de vie et de travail des classes populaires, accusées en substance de coûter trop cher. Ce mensonge est destiné à préserver la rançon prélevée par ces parasites sur l’ensemble des richesses produites par les travailleurs.

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