Harcèlement à l’école : un ministre sans réponse07/06/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/06/2862.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Harcèlement à l’école : un ministre sans réponse

Le suicide d’une jeune collégienne de 13 ans, harcelée depuis septembre dernier dans un collège de la banlieue de Lille, a mis en lumière le décalage entre les discours officiels et les moyens réels pour protéger les jeunes de la violence à l’école.

Les parents de la jeune fille ont porté plainte pour non-assistance à personne en danger contre le principal du collège, l’académie de Lille, la police et Facebook. Effectivement, la famille avait alerté tout le monde bien en amont. La jeune fille ainsi qu’une de ses amies étaient la cible de moqueries, de violences verbales et physiques depuis la rentrée de septembre. L’existence de ce type de violence n’est pas un mystère dans nombre d’établissements scolaires, particulièrement dans les collèges. Combattre ce fléau, en le rendant public et en faisant prendre conscience aux jeunes de ses conséquences, est un des rôles des adultes. Mais cela va à l’encontre de la politique du ministère et des recteurs qui est plutôt d’étouffer au maximum les problèmes dans les établissements.

La famille dénonce la passivité du principal du collège, qui a minimisé les faits. Même si un conseil de discipline avait été diligenté contre la principale harceleuse, le harcèlement avait pourtant continué. Ne pas signaler les incidents scolaires ou la violence est devenu une règle pour bien des chefs d’établissement. Cette passivité de l’institution n’est pas étonnante car la hiérarchie incite fortement à ne surtout pas faire de vagues afin de rester un établissement attractif pour le public.

Dans ces conditions, le programme contre le harcèlement du ministre de l’Éducation nationale est dérisoire. Les familles disposent d’un Numéro Vert à appeler mais, d’un autre côté, le nombre d’adultes, enseignants ou autres, qui pourraient être des interlocuteurs pour les jeunes en difficulté, qui pourraient avoir un regard sur la vie dans l’établissement et être vigilants à l’ensemble des problèmes, se réduit d’année en année.

Certes dans le collège concerné, il y avait une infirmière scolaire mais dans nombre d’établissements elles font défaut, comme font défaut les assistants sociaux ou les surveillants. Dans la seule académie de Lille, il y aura près de 160 suppressions d’emplois l’année prochaine. À l’échelle nationale, il y aura 8 381 suppressions de postes en six ans. Alors, le ministre de l’Éducation nationale peut annoncer un « renforcement de la cellule de lutte contre le harcèlement », cela revient à cacher la misère !

Bien sûr, l’Éducation nationale seule ne pourra pas remédier au problème bien plus large de la violence dont les jeunes sont victimes dans la société. Mais les déclarations de Pap Ndiaye montrent que le choix du gouvernement est toujours de brasser du vent et jamais de chercher à améliorer les moyens destinés à l’éducation.

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