Gaz “vert” : recyclage capitaliste07/06/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/06/2862.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Gaz “vert” : recyclage capitaliste

TotalEnergies a annoncé le 31 mai la construction d’une usine de fabrication de gaz de synthèse aux États-Unis, en collaboration avec l’entreprise belge TES. Le procédé est présenté comme neutre en carbone, ce qui serait une première pour du gaz.

Au-delà de l’opération de communication, ce projet illustre surtout comment les grandes entreprises se servent de la transition énergétique pour faire des profits.

L’usine fabriquerait du méthane à partir d’hydrogène et de dioxyde de carbone puisé dans l’atmosphère. Ce méthane de synthèse serait ensuite envoyé dans les canaux de transport utilisés habituellement pour le gaz fossile. Au bout, sa combustion, par l’industrie ou par les cuisinières domestiques, rejetterait dans l’atmosphère autant de dioxyde de carbone que celui nécessaire à sa fabrication. L’hydrogène, lui, serait obtenu à partir d’eau par électrolyse, procédé très énergivore, une des raisons pour lesquelles la pile à hydrogène peine à percer. Mais TotalEnergies proclame que toute l’énergie nécessaire à la fabrication d’hydrogène serait fournie par des panneaux solaires. D’où la nouveauté, ainsi que l’annonce de la neutralité carbone du procédé.

C’est mettre de côté la pollution liée à la fabrication des panneaux solaires, ainsi que celle liée à la liquéfaction du méthane, qui doit être transporté à -162°C et nécessite de lourdes infrastructures, en particulier les terminaux méthaniers actuellement en construction en Europe… pour le gaz de schiste américain. Mais ce ne sont évidemment pas les préoccupations écologiques qui guident TotalEnergies. Comment d’ailleurs le croire, quand on voit le reste de son activité, dont le projet EACOP en Ouganda et en Tanzanie, l’un des plus polluants au monde ? Si la multinationale veut installer son usine aux États-Unis, c’est pour profiter des subventions massives octroyées par le gouvernement Biden au travers du programme Inflation Réduction Act. Elles sont si élevées qu’elles compenseraient le coût de production de méthane de synthèse, environ trois fois plus élevé que celui du gaz naturel, qui est simplement puisé dans le sol. La différence sera donc payée par la population américaine, lorsque le gouvernement lui présentera la note.

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