Mont Saint-Michel : Macron attend des voix07/06/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/06/2862.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Mont Saint-Michel : Macron attend des voix

Cherchant des voix et des soutiens à droite, Macron a évoqué au Mont Saint-Michel les brumes patriotiques de la France éternelle. Et de mettre en parallèle la construction de la basilique, l’histoire de la nation et de l’État, sa pérennité et celle de « l’âme française ».

Ces éléments du discours de droite et d’extrême droite depuis plus d’un siècle n’ont que peu de rapport avec les faits historiques. La basilique est certes un spectaculaire témoignage du génie des artisans médiévaux. Mais ce fut aussi un outil et un enjeu politique dans le climat de guerre civile et sociale permanente qui caractérisa l’époque. Ensuite, loin de l’élévation mystique, l’État l’utilisa comme prison depuis l’époque de Louis XI jusqu’aux années 1840 puisque le révolutionnaire communiste Blanqui y fut alors enfermé.

Au 19e siècle, romanciers et historiens forgèrent un récit national établissant une filiation prédestinée de la France allant de Clovis recevant le baptême jusqu’à Thiers fondant la Troisième République sur le massacre des communards. L’histoire ainsi racontée vise à légitimer l’État et l’ordre social qu’il protège. Les cathédrales et le Mont Saint-Michel sont mis à profit comme symboles bien plus que pour leur valeur artistique. L’archange Saint-Michel qui domine la baie a ainsi servi à justifier les rois de la mine et du rail, l’exploitation, les guerres, les massacres coloniaux et autres manifestations du fameux « génie français ». C’est ce discours que Macron, après bien d’autres, a repris en y intégrant suivant le goût du jour, aussi bien la défense de l’environnement que ses intérêts particuliers et la recherche d’un terrain d’alliance avec la droite.

La prison fermée, le Mont a repris une de ses vocations premières, attirer le pèlerin, désormais le touriste, et lui faire délier sa bourse. Aujourd’hui, le même groupe y truste depuis des dizaines d’années échoppes, restaurants, biscuiteries et hôtels. Son propriétaire a été par deux fois maire de la commune et n’est sans doute pas mécontent des aménagements publics fort coûteux permettant de convoyer les chalands.

La grande tradition de la bourgeoisie française est bien là : dépenses publiques, bénéfices privés, économie de rentiers et discours prétentieux.

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