Accident mortel : Safran condamné07/06/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/06/2862.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Accident mortel : Safran condamné

Lundi 5 juin, le tribunal correctionnel de Bordeaux a condamné Safran pour sa responsabilité dans l’accident mortel survenu le 5 décembre 2013 dans l’une de ses usines de Gironde qui fabrique du propergol solide, une poudre qui sert de carburant pour la propulsion des fusées et qui est hautement inflammable.

En 2013, la poudrerie de Saint-Médard-en-Jalles, ex-Herakles, qui est intégrée aujourd’hui à ArianeGroup, appartenait encore directement à Safran. Le 5 décembre 2013, trois ouvriers travaillaient sur le démoulage d’un réservoir de 490 kg de propergol solide quand la poudre a pris feu suite à un arc électro- statique. La température est montée presque instantanément à près de 3 000°C.

Bien que gravement brûlés, deux ouvriers ont réussi à sortir de l’atelier, mais le troisième est mort brûlé vif sur place. Il existait pourtant à l’époque un outillage permettant de réaliser cette opération à distance sans la présence physique des trois ouvriers. Mais cet outillage était en réparation et les responsables hiérarchiques avaient décidé malgré tout de maintenir cette opération en la faisant réaliser avec un ancien outillage réformé nécessitant une présence humaine.

Dans son jugement, le tribunal a écarté les nombreuses négligences mais a retenu la principale, la faute de l’employeur pour « violation des règles de sécurité », et condamné Safran à 225 000 euros d’amende. Pour les victimes et leur familles, c’est un premier succès mais aussi un immense soulagement que Safran soit reconnu coupable, car en général les jugements prononçent la relaxe pour l’employeur, rejetant de fait la faute de l’accident sur les ouvriers.

Cependant, comme l’a dit le père d’une victime, l’amende de 225 000 euros « est une goutte d’eau pour Safran riche à milliards ». Sans compter que le tribunal n’a pas reconnu de dommages et intérêts dus aux familles des victimes, pourtant traumatisées à vie.

Sans surprise, Safran a fait appel. Pour le grand patronat, le cynisme, c’est jusqu’au bout.

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