Lyon : quand le « tout numérique » renforce les inégalités16/11/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/11/2520.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Lyon : quand le « tout numérique » renforce les inégalités

Les bibliothèques municipales de Lyon, qui disposent d’espaces numériques, voient affluer un nombre important de personnes qui n’ont pas d’ordinateur chez elles ou qui ne savent pas s’en servir.

Pour faire des économies de personnel, de plus en plus d’administrations ne communiquent plus que par courriels et ferment les guichets d’accueil qui pouvaient permettre d’orienter ou d’aider les demandeurs : c’est le cas par exemple des agences de Pôle emploi, dont l’accueil sans rendez-vous n’a lieu que les matins, où l’inscription ne peut plus se faire par téléphone mais uniquement par Internet.

Depuis août 2015, les étrangers qui souhaitent faire une demande de carte de séjour ou en obtenir le renouvellement doivent aussi prendre rendez-vous via le site Internet de la préfecture du Rhône. Pour y parvenir, il faut cliquer sur plusieurs liens, lire des pages entières d’un texte difficilement compréhensible pour qui maîtrise mal le français. Il faut surtout pouvoir bénéficier d’un ordinateur, d’un accès à Internet et d’une imprimante, car la confirmation du rendez-vous devra être présentée imprimée en préfecture : comment faire si on dort dans un foyer, parfois dans la rue, ou si tout simplement on n’en a pas les moyens ?

Ce qui est présenté comme une amélioration pour les étrangers, qui devaient jusque-là faire la queue devant la préfecture dès le milieu de la nuit pour espérer accéder au guichet, ajoute en réalité de nouveaux obstacles.

La multiplication des démarches par Internet explique l’affluence dans les bibliothèques publiques. Bien sûr, un de leurs rôles est de permettre aux usagers d’accéder à l’information et à la maîtrise des outils informatiques. Mais, de fait, les bibliothécaires se retrouvent à pallier les suppressions de personnel et de temps d’accueil dans les autres services publics.

Si certains demandeurs ont pu avoir recours à l’aide de bibliothécaires ou d’associations, combien ont renoncé à faire valoir leurs droits ? La « simplification administrative », qui tend vers le tout numérique sert surtout à supprimer des milliers d’emplois et au bout du compte renforce l’exclusion de toute une partie de la population.

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