Commémoration du 13 novembre : l’union nationale, une tromperie16/11/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/11/2520.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Commémoration du 13 novembre : l’union nationale, une tromperie

Dimanche 13 novembre, la population a été invitée à commémorer le massacre de 130 personnes par des terroristes, survenu à Paris et à Saint-Denis, un an auparavant. Hollande, Valls et d’autres responsables gouvernementaux se sont déplacés, ont dévoilé des plaques et serré des mains. Les médias ont relayé les cérémonies et ajouté des commentaires et des témoignages.

Comme il y a un an, comme après chaque attentat, le gouvernement se donne le beau rôle de défenseur des innocents, protecteur des victimes et chef de guerre contre les terroristes. À l’écouter, on pourrait croire que l’armée française et la France en général n’interviennent au Moyen-Orient, là où sévit Daech, que pour répliquer aux crimes de cette organisation.

Mais la France et les autres puissances sont au Moyen-Orient depuis bien longtemps, découpant les pays, occupant militairement, réprimant les révoltes, s’appropriant les richesses, pétrolières et autres. Passée l’époque de la colonisation directe, après 1945, les puissances occidentales appuyèrent des dictatures locales. Elles n’ont pas hésité à s’appuyer sur des féodaux, des intégristes religieux, la réaction la plus obtuse. Non seulement elles ont favorisé la monarchie saoudienne et les émirs du Golfe mais, dans chaque pays, elles ont souvent misé sur ce qu’il y avait de plus réactionnaire, suscitant la haine religieuse quand elle n’existait pas, fournissant des moyens financiers aux prêcheurs réactionnaires. Ainsi Ben Laden, le premier terroriste islamiste agissant à l’échelle internationale, avait d’abord été formé par la CIA pour combattre les Russes en Afghanistan. De même les hommes de Daech ont bénéficié d’appuis et d’aide des Saoudiens, des militaires turcs, voire des services occidentaux contre le dictateur syrien Assad. Le dictateur est toujours là, mais Daech s’est fait une place sanglante au soleil en Syrie et en Irak.

L’impérialisme a non seulement semé la guerre au Moyen-Orient mais il a ­fabriqué un adversaire à son image. Le mépris pour les populations que montrent ceux qui font bombarder les villes syriennes et irakiennes a pour pendant le mépris de ceux qui tirent dans la foule d’un concert ou aux terrasses des cafés. Cette guerre, aussi injuste et folle soit-elle, trouve, comme toutes les autres, ses combattants.

La seule différence est celle qui existe entre des grands voleurs installés et des petits voyous qui veulent une part du butin. Les crimes des armées impérialistes visent à prolonger l’existence d’un système que les terroristes comme Daech ne menacent nullement. Tout au plus ces derniers visent-ils à se tailler un fief, à coups de massacres. Mais n’est-ce pas ce qu’ont toujours fait les États en construction, y compris les plus anciens ?

Aujourd’hui, Hollande voudrait qu’au nom de la lutte contre le terrorisme tous communient avec lui dans l’union nationale. Les autres politiciens et les médias font comme si c’était l’évidence même. Mais on peut condamner les crimes de Daech sans être solidaire de ceux de l’impérialisme français. C’est même la seule façon d’ouvrir une perspective réelle : en finir avec toutes les oppressions, en commençant par celle qui les contient toutes, l’oppression sociale, l’exploitation de l’homme par l’homme.

Partager