Migrants : accueil au compte-gouttes16/11/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/11/2520.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Migrants : accueil au compte-gouttes

Avec un mois de retard, le centre d’accueil prévu pour les migrants dans le nord de Paris a ouvert ses portes, le 10 novembre. La maire de Paris, Anne Hidalgo, et la ministre du Logement, Emmanuelle Cosse, se sont autocongratulées à cette occasion : la première y voit « une alternative digne à la rue » tandis que la seconde se félicite de « la qualité du travail social en France ».

Si les conditions d’hébergement sont évidemment bien meilleures que dans les campements de fortune installés sur les trottoirs, ce centre humanitaire d’accueil de 400 places réservé aux hommes n’a pas pour vocation d’offrir un hébergement durable aux migrants. Ceux-ci ne pourront y rester que de cinq à dix jours au maximum, en fait le temps de contrôler leurs papiers pour savoir lesquels pourront éventuellement rester en France, mais même pas celui de leur permettre de faire toutes les démarches en vue de l’obtention du droit d’asile. Il s’agit d’un centre de triage, en quelque sorte. Il en va de même des autres lieux d’hébergement répartis sur le territoire, même si, là, le filtrage est un peu moins expéditif.

Et après, que deviendront ces migrants ? Ce n’est pas le problème du gouvernement ni des autorités. Ce qu’ils veulent, à Paris comme à Calais, c’est faire place nette là où leur présence est par trop visible. Ainsi, dans le 19e arrondissement de Paris, des grilles ont été installées autour des allées où ils s’étaient installés, empêchant du même coup les piétons d’y circuler. Une fois le tri opéré, ceux à qui sera dénié le droit de rester en France seront conduits en centre de rétention en vue de leur expulsion. Ceux qui seront autorisés à poursuivre leurs démarches (il est en effet difficile pour le gouvernement de renvoyer les Syriens, par exemple, dans leur pays en guerre) se retrouveront à la rue avec tous les nouveaux arrivants, rejetés d’un bout à l’autre du territoire.

Accueillir quelques dizaines de milliers de personnes, leur permettre de s’intégrer et d’envisager pour eux et leur famille un autre avenir que la misère ou la guerre, n’est certainement pas un problème économique pour un pays comme la France. Mais ce gouvernement suit l’adage qui dit qu’on ne peut servir deux maîtres, et son choix est clair : il est au service des riches. Les pauvres qui viennent chercher un asile en France n’ont droit, eux, qu’à quelques jours de répit dans leur errance.

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