Saint-Denis : les oubliés des attentats16/11/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/11/2520.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Saint-Denis : les oubliés des attentats

Un an après la destruction de leur immeuble, les habitants du 48, rue de la République à Saint-Denis ont le sentiment d’être les oubliés des attentats de novembre.

Leur immeuble, où se cachaient Abdel Hamid Abaoud et ses complices, a été pris d’assaut le 18 novembre 2015, cinq jours après les attentats de Paris. Pendant des heures, il a été le théâtre d’une véritable scène de guerre. Des familles entières ont subi, prostrées dans leur appartement, le tir des balles et le contrecoup de l’explosion provoquée par le kamikaze. Trois personnes au moins ont été grièvement blessées par les tirs des policiers, deux d’entre elles sont aujourd’hui invalides. À la fin de l’intervention, les habitants de l’immeuble ont été expulsés sans ménagement, sans pouvoir rien emporter. Certains ont été traités comme des terroristes en puissance. Ils ont été amenés dans un gymnase sans autre soutien.

Aujourd’hui, malgré le préjudice subi, les autorités n’ont même pas daigné convier ces habitants à la commémoration du 13 novembre au stade de France, car ils ne sont pas considérés victimes du terrorisme mais « victimes d’une intervention policière » dans laquelle l’État ne reconnaît aucune faute.

Ce n’est que grâce à une lutte acharnée et la création d’un comité de mobilisation que les habitants du 48 ont obtenu quelques avancées, et d’abord le relogement d’une partie d’entre eux. À ce jour, 21 ménages ont été relogés en HLM, mais 24 sont sans solution pérenne. Les familles sont en résidence sociale, les célibataires à l’hôtel. Au lendemain du drame, les autorités avaient promis d’examiner avec bienveillance la situation des sans-papiers de l’immeuble : à ce jour, 21 personnes ont été régularisées provisoirement, mais la procédure bloque pour trois d’entre elles pour des prétextes dérisoires. Et encore, ces régularisations sont conditionnées à l’obtention d’un travail sous un an. Certains sont encore trop éprouvés pour reprendre une activité professionnelle. Qu’adviendra-t-il alors de leur titre de séjour ?

Ces habitants savent aujourd’hui que l’État ne cédera pas sur le statut de victime du terrorisme, statut qui leur aurait permis d’obtenir des compensations matérielles et un suivi plus conséquent. Ils viennent d’obtenir un suivi psychologique provisoire qui est la moindre des choses pour les enfants qui ont vécu cette expérience. Soutenus par la mairie, ils sont toujours décidés à se faire entendre et ont prévu de se retrouver devant l’immeuble le 18 novembre, pour commémorer cette journée. Leur combat continue, pour la reconnaissance du préjudice subi.

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