Bulgarie et Moldavie : l’Europe ne fait plus recette16/11/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/11/2520.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Bulgarie et Moldavie : l’Europe ne fait plus recette

Des élections présidentielles viennent d’avoir lieu, mi-novembre, dans deux pays de l’est de l’Europe, la Bulgarie et la Moldavie. Dans les deux cas, c’est un candidat décrit comme prorusse qui l’emporte haut la main, en profitant de ce que la population rejette l’Union européenne (UE) et ceux qui, au pouvoir, s’en revendiquent.

La situation des deux pays diffère certes par leur taille, leur peuplement et leur statut vis-à-vis de Bruxelles. Mais ils ont en commun d’être parmi les plus pauvres du continent, d’avoir une population qui tente de survivre en émigrant et d’être ravagés par une corruption débridée. Cela sur fond d’instabilité politique chronique, les équipes qui se disputent le pouvoir et l’enrichissement qu’il permet ne voulant jamais en rester trop longtemps écartées.

La Bulgarie, une ancienne Démocratie populaire, a, comme la Roumanie, fait partie du dernier élargissement de l’UE en 2007.

En 2013, une vague de plusieurs mois de manifestations de masse contre la corruption et la pauvreté avait abouti au départ du chef du gouvernement, Boïko Borissov. Figure de proue de la clique proeuropéenne et affairiste, au pouvoir depuis 2009, il est revenu aux commandes fin 2014. Constatant qu’après la victoire du général Radev, soutenu par le Parti socialiste de Bulgarie, ex-Parti communiste, « la coalition au pouvoir n’a pas de majorité », Borissov vient de démissionner.

Pas grand-chose ne distinguait les deux principaux candidats à la présidentielle, Radev et la présidente conservatrice du Parlement, dans leurs programmes, et encore moins dans la façon dont le personnel politique qui les entoure entendait se payer sur la bête, en pillant le pays et en rançonnant sa population.

Mais, alors que Radev parlait de changement, son adversaire faisait campagne sur la « stabilité » à préserver, ce que nombre d’électeurs ne pouvaient interpréter que comme une promesse de ne rien changer à leur pauvreté.

Quant à la Moldavie, son sort apparaît encore moins enviable. Elle, qui fut la plus petite des républiques de l’Union soviétique, se trouve associée à l’UE depuis peu. Mais les deux tiers de sa population en sont toujours réduits à vivre, en permanence ou à temps partiel, en Europe de l’Ouest ou en Russie, seuls endroits où ils trouvent un travail.

Il y a peu encore, plus de 70 % des Moldaves se disaient favorables à une intégration à l’Union européenne, mais les choses ont bien changé. Dans ce pays où près de la moitié de la population survit avec moins de cinq dollars par jour, l’UE a déversé 800 millions d’euros pour la seule période 2010-2015. Mais la population n’en a pas vu la couleur. Cet argent est allé, pour partie, aux groupes financiers et agroalimentaires européens voulant s’implanter dans la région et, pour le reste, aux bandits au pouvoir. Le summum a été atteint fin 2014, quand la population a appris que l’encaisse de trois banques du pays avait disparu : des proches du gouvernement avaient volé un milliard d’euros, soit 15 % du produit intérieur brut moldave. Cela, sans que s’en émeuvent les dirigeants ouest-européens, qui présentaient le pouvoir moldave comme « le meilleur élève » de leur « partenariat oriental ».

Le pillage par ses grands groupes, la corruption des dirigeants locaux, la pauvreté pour la majorité : l’Union européenne n’a rien d’autre à proposer aux peuples de l’est du continent.

Partager