Hôtel Paris-Opéra : la honte de l’hébergement d’urgence13/01/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/01/2476.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Hôtel Paris-Opéra : la honte de l’hébergement d’urgence

En avril 2005, l’incendie de l’hôtel Paris-Opéra dans le 9e arrondissement de Paris avait coûté la vie à 24 personnes, dont neuf femmes et onze enfants, et en avait blessé une cinquantaine.

La jeune femme reconnue coupable d’avoir mis le feu dans un acte de colère, en jetant des vêtements sur des bougies, avait été condamnée en janvier 2014 à trois ans de prison ferme. En appel en septembre 2015, la peine avait été confirmée et mardi 12 janvier 2016, la cour d’appel l’a ramenée à deux ans de prison ferme.

Mais même si l’incendie n’était pas accidentel, le fait que cet hôtel a pris feu comme une torche et est devenu un piège mortel pour ses habitants démontre dans quelles conditions misérables sont logées des personnes en situation précaire, sans papiers ou pas, qui doivent recourir aux services sociaux, en l’occurrence le Samu social pour le Paris-Opéra, pour trouver un toit.

Le gérant de l’hôtel avait été condamné à quatre ans de prison dont trois ferme. Véritable « marchand de sommeil », il louait des chambres vétustes où s’entassaient des personnes à qui les services sociaux devaient trouver un logement dans l’urgence. Ces services en sont quittes pour payer au prix fort les loyers réclamés par ces gérants qui, bien sûr, font de l’argent en économisant sur l’entretien des immeubles, et notamment leur sécurité.

En 2005, deux autres incendies avaient fait des victimes, portant au total le nombre de tués à 52 pour toute l’année. Le gouvernement avait alors dû fermer les hôtels les plus insalubres. Mais le manque de moyens consacrés à la construction de logements, pour l’hébergement d’urgence comme pour les autres secteurs, fait que la situation a empiré encore avec la crise et le nombre toujours plus grand de laissés-pour-compte. Onze ans après le drame du Paris-Opéra, il y a toujours autant de personnes contraintes de vivre dans des taudis ou dans la rue et obligées de recourir à « l’hébergement d’urgence » ; elles sont 38 000 d’après les chiffres officiels.

Si le risque d’incendies mortels n’a pas du tout diminué, c’est le résultat de la politique gouvernementale – ou de l’absence de politique – et en rien une fatalité.

Partager