Directions syndicales : une opposition mondaine13/01/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/01/2476.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Directions syndicales : une opposition mondaine

Avant d’annoncer son « plan d’urgence pour l’emploi », prévu pour le 18 janvier, Hollande a demandé à Valls de recevoir les syndicats de salariés, et bien entendu ceux du patronat. Si le patronat, avant même cette entrevue, avait tenu à se mettre en ordre de bataille en réaffirmant ses exigences, les dirigeants de la CGT, de FO et de la CFDT, eux, sont restés sur un registre beaucoup plus consensuel.

Certes, même Laurent Berger, le dirigeant de la CFDT, habituellement si compréhensif vis-à-vis du patronat et du gouvernement, a tenu à marquer son opposition aux exigences du patronat, tant sur les nouvelles aides que celui-ci veut obtenir que sur sa volonté d’en finir avec le CDI. Berger a demandé que soit fait le bilan des aides déjà reçues et des engagements précédents du patronat. Il a aussi fait savoir son opposition au projet gouvernemental en cours de gestation sur le plafonnement des indemnités que peuvent attribuer les tribunaux en cas de licenciements injustifiés. Cette attitude a d’ailleurs été commune aux trois leaders des confédérations syndicales. Mais après ?

Eh bien après, pas grand-chose. Philippe Martinez pour la CGT a insisté sur l’inefficacité de multiplier les formations, comme se prépare à le faire le gouvernement, pour ce qui est d’assurer un emploi aux chômeurs. Mais quant à ce que la CGT souhaiterait ou aurait à répondre au pouvoir, c’est le néant. En tout et pour tout on a entendu Martinez proposer sur les ondes : « Que les très grandes entreprises, où il y a beaucoup d’argent, au lieu de verser beaucoup d’argent aux actionnaires, en prennent un peu pour aider les petites entreprises et les artisans à embaucher ».

Comme les autres leaders syndicaux, il se place là sur le terrain du gouvernement et du patronat. Pour eux la réponse au chômage n’est pas d’interdire aux patrons de licencier, encore moins de contrôler leurs comptes, c’est encore d’aider financièrement les propriétaires d’entreprises pour qu’ils embauchent et s’engagent dans la reprise. Comme tout le monde patronal et gouvernemental, Martinez se cache derrière le paravent des PME.

Ce ralliement à la logique du patronat traduit l’absence totale de volonté des dirigeants des grandes centrales syndicales de riposter à la guerre de classe que celui-ci mène contre le monde du travail, avec l’appui actif du gouvernement. Quant à présenter un programme revendicatif sur lequel les travailleurs pourraient se mobiliser pour imposer leur droit à la vie, il n’en est pas question pour ces dirigeants syndicaux. De fait c’est se rendre d’avance complices des prochaines attaques que le gouvernement a déjà annoncées.

Ce n’est pas de ce côté-là que les travailleurs trouveront des réponses et des appuis. Mais ce n’est pas une nouveauté, et cela n’empêchera pas, le temps venu, la contre-offensive ouvrière de se développer et de bousculer tout ce monde de connivences.

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