Yémen : les armes françaises tuent13/01/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/01/2476.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Yémen : les armes françaises tuent

Le 10 janvier, une attaque aérienne dans le nord du Yémen a détruit un des hôpitaux de campagne dans lequel l’organisation humanitaire Médecins Sans Frontières (MSF) opère pour soulager, autant que possible, les victimes de la guerre qui ravage le pays. Le bombardement a fait au moins quatre morts et dix blessés.

Soucieuse de pouvoir continuer à soigner sur place, MSF ne désigne pas directement la coalition menée par l’Arabie saoudite, soutenue et armée par les puissances occidentales et notamment par la France, comme responsable de cette agression. Mais les autres factions guerrières qui se disputent le pouvoir, les milices gouvernementales, les milices chiites « houtistes » rebelles, et les milices sunnites d’Al-Qaida ou de Daech ne possèdent pas d’aviation, et il paraît évident que le bombardement est le fait de l’aviation saoudienne ou de ses alliés.

Ce n’est pas la première fois que des structures sanitaires de MSF sont ciblées par la coalition saoudienne, bien que MSF prenne soin de communiquer à tous les belligérants les coordonnées GPS précises de ses installations et que de grands sigles parfaitement visibles d’avion sont peints sur les toits pour signaler ses hôpitaux. En octobre dernier, un hôpital, le seul d’une région, avait été entièrement détruit par une demi-douzaine de bombardements de cette coalition, privant 200 000 personnes de tous soins médicaux. Et en décembre, un missile avait détruit une clinique mobile, faisant neuf blessés.

Pour une organisation comme MSF, qui peut faire connaître les crimes de guerre dont elle est victime, de nombreuses autres attaques restent largement ignorées. Le comité international de la Croix Rouge avait déjà dénoncé en novembre que la coalition saoudienne avait attaqué une centaine d’établissements médicaux depuis son intervention dans la guerre civile yéménite en mars 2015. C’est entre autres à quoi servent les Rafale que le gouvernement français est fier d’exporter et de vendre à l’Arabie Saoudite, pendant que les États-Unis viennent de lui fournir 17 000 bombes à larguer.

Déjà, plus de 5 000 personnes ont perdu la vie et plusieurs dizaines de milliers d’autres ont été blessées au cours de cette guerre civile. Celle-ci est aggravée et alimentée par l’intervention de la coalition saoudienne et par les grandes puissances impérialistes qui lui fournissent des moyens.

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