Vaccination : comment renforcer la confiance ?13/01/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/01/2476.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Vaccination : comment renforcer la confiance ?

Mardi 12 janvier, la ministre de la Santé Marisol Touraine annonçait « un plan d’action pour la rénovation de la politique vaccinale », avec pour ambition de « renforcer la confiance dans la vaccination ».

Il y a toujours eu une fraction de la population pour s’élever contre la vaccination au motif qu’elle serait dangereuse ou qu’elle porterait atteinte aux libertés individuelles, ou encore qu’elle s’opposerait à dame nature voire à dieu et à la providence. Ce courant continue d’exister, alimenté par tous ceux qui font l’éloge du « naturel », en oubliant que si l’espérance de vie à la naissance a pratiquement doublé au cours du siècle dernier, c’est en grande partie grâce à la vaccination, du moins dans les pays riches, là où les populations y ont eu accès. Mais si aujourd’hui en France, la défiance envers la vaccination grandit, c’est surtout du fait d’une défiance envers l’industrie pharmaceutique.

À l’heure actuelle, seules les vaccinations contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite sont obligatoires. Jusqu’en 2008, il existait un vaccin dit trivalent qui immunisait contre ces trois maladies, le DTPolio. Depuis il a été suspendu par l’Agence du médicament en raison d’une augmentation du nombre d’allergies qu’il entraînait. Les enfants sont désormais vaccinés avec des vaccins combinés : un vaccin tétravalent qui protège en plus contre la coqueluche, un pentavalent qui ajoute une protection contre des méningites et un hexavalent qui associe l’hépatite B. Depuis 2015, les deux premiers sont en rupture de stock et seul l’hexavalent est disponible… qui est aussi beaucoup plus cher. De quoi occulter la discussion sur l’utilité incontestable de la vaccination, pour la remplacer par celle sur la non moins incontestable soif de profit des laboratoires qui fabriquent les vaccins.

Il en va de même de la discussion sur la dangerosité des adjuvants, des sels d’aluminium entrant dans la fabrication des vaccins pour augmenter la force et la durée de la réponse immunitaire. Utilisés depuis bientôt 100 ans, ces sels d’aluminium se retrouvent dans 50 % des vaccins. Des organismes officiels de santé publique affirment que cet adjuvant ne pose pas de problème de sécurité, surtout si on le met en rapport avec les avantages qu’il procure. Mais le doute s’installe quand des spécialistes mettent en cause ces sels d’aluminium dans la survenue de maladies rares et surtout parce que la confiance dans les organismes de santé a été mise à mal ces derniers temps. De l’hormone de croissance au Médiator en passant par le traitement de la grippe H1N1, ce sont les scandales sanitaires, tous engendrés par la soif de rentabilité, qui ont largement entaché la confiance dans la vaccination.

On en arrive aujourd’hui à ce que certains proposent la suppression de l’obligation de vaccination, pour la remplacer par la responsabilité et la conscience de chacun de la nécessité de se faire vacciner. Voilà qui pourrait mettre en péril les progrès apportés par la vaccination qui, par définition, ne peut être efficace que si elle est générale et collective, parce que l’immunisation envers les bactéries n’est efficace que si elle concerne l’ensemble du groupe humain.

Pour restaurer la confiance envers la vaccination, Marisol Touraine propose une série de mesures. Certaines s’adressent à l’industrie pharmaceutique pour lui demander, entre autres, de constituer des stocks afin d’éviter les pénuries. Mais quand on voit que depuis 2008, l’État a été incapable de contraindre les industriels de la pharmacie à mettre sur le marché un nouveau vaccin DTPolio, on a une idée de l’inefficacité probable des mesures proposées.

Partager