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Leur société
Privatisation des aéroports : et hop les milliards !
À chaque fois, l’État procède de la même façon. Il revend à des groupes privés tout ou partie de sa participation au capital de ces aéroports, mais il reste propriétaire des infrastructures et du foncier aéroportuaires. Cela tombe bien pour ceux qui décrochent le marché, car ce sont de gros postes de dépenses. Côté rentrées, les collectivités locales et les chambres de commerce et d’industrie régionales, elles, n’ont nulle intention de vendre leur part du capital des aéroports : cela leur laisse voix au chapitre et surtout cela leur rapporte gros.
Les médias évoquent régulièrement « les difficultés du transport aérien ». Mais, pour autant qu’elles existent, elles ne concernent que les compagnies aériennes, d’ailleurs pas toutes, et bien moins qu’elles ne voudraient le faire croire à leur personnel.
En revanche, le secteur aéroportuaire se porte bien. Le 13 janvier, un journal de l’aviation a pu titrer : « Nouveau record de trafic à l’aéroport de Nice. » Il précisait qu’avec près de 12 millions de passagers, celui-ci battait son record pour la quatrième année consécutive. Quant à Lyon, s’il affiche une légère baisse du nombre de ses passagers en 2014, cela vient après cinq années de hausse ininterrompue. La grande majorité des aéroports français sont dans le même cas, avec des prévisions au beau fixe pour les années à venir.
Cela explique les convoitises autour des organismes, plus ou moins publics, qui collectent les redevances pour les décollages et atterrissages des avions, leur stationnement, leur entretien, et qui recueillent les loyers des activités liées aux aéroports : sociétés de fret, de transport en commun, de taxis, de stockage. Sans oublier les boutiques et commerces qui disposent de la clientèle captive des passagers attendant leur vol.
Tout cela brasse des sommes considérables. Elles ne cessent de croître car les gestionnaires des aéroports, en situation de monopole, ne se privent pas d’augmenter fortement leurs tarifs, comme Air France et EasyJet le dénoncent à propos des hausses programmées à Roissy et Orly par Aéroports de Paris (ADP).
Depuis des années, ce pactole a attiré des groupes financiers que l’on voit, associés ou pas avec des sociétés de gestion aéroportuaire, se battre autour du marché de la construction, de la gestion et de la privatisation des aéroports. En France, on trouve ainsi ADP, un des leaders mondiaux du secteur, Vinci, géant du BTP nouveau venu dans l’aérien mais qui gère déjà 23 aéroports dans le monde, la Caisse des dépôts et consignations, la banque Natixis, l’assureur Predica…
Des démagogues s’époumonent contre l’arrivée d’un consortium chinois et canadien dans la gestion de l’aéroport de Toulouse. Mais les mêmes, et d’autres, ne disent rien de l’acquisition récente de dizaines de sites aéroportuaires turcs et moyen-orientaux par ADP, ou de la razzia sur les aéroports portugais qu’a faite Vinci, qui a quadruplé sa taille dans le secteur en un an. Et ils ne trouvent bien sûr rien à redire quand ce sont des financiers bien de chez nous qui s’apprêtent à mettre la main sur des aéroports construits sur des fonds publics.
Quant au gouvernement, lui, il s’emploie avec zèle à offrir ce gâteau à ces vautours.