Kazakhstan : leur ami le dictateur « réélu »28/04/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/05/2439.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Kazakhstan : leur ami le dictateur « réélu »

Noursoultan Nazarbaïev, inamovible dirigeant du Kazakhstan, avait provoqué une élection présidentielle anticipée, dans un contexte où la seconde plus vaste république de l’ex- Union soviétique subit les contrecoups de la crise qui secoue la Russie. Il vient d’être réélu avec 97,7 % des voix.

Ce score rappelle l’ère Brejnev, dans l’URSS des années 1970-1980, quand Nazarbaïev grimpait les échelons de la bureaucratie soviétique avant d’intégrer ses sommets. Premier ministre du Kazakhstan, puis chef du Parti communiste local, enfin président de sa république en 1990 : depuis, il n’a cessé d’être reconduit à ce poste. Certes, il a dû amender la Constitution qui n’autorise que deux mandats consécutifs, sauf pour celui qui s’est proclamé « chef de la nation ». Quant à ses scores mirobolants, ils montrent, à l’en croire, que « le peuple est uni » pour « soutenir son programme ».

Ce dernier prévoit, au chapitre Renforcement de la souveraineté étatique et développement de la démocratie, « d’introduire le principe de la tolérance zéro en matière de désordres ». Fin 2011, des dizaines de milliers de travailleurs du pétrole, principale richesse du pays, en ont fait l’expérience. Pour briser leur grève, les forces de répression du régime ont tué des dizaines de manifestants, blessé de nombreux autres et arrêté ceux qui les aidaient. Car ce mouvement menaçait les intérêts des firmes pétrolières étrangères et, surtout, de la clique dirigeante qui a transformé ce pays, où abondent pétrole, gaz, uranium, etc., en son fief personnel.

Le dictateur n’en fait même pas mystère : l’empreinte de sa main figure sur tous les billets de la monnaie nationale ! Et il aurait tort de se gêner, quand les représentants des États dits démocratiques ne lui en font pas grief. Ainsi Hollande, qu’il a reçu encore en décembre 2014 : accompagné d’industriels, il était venu parler affaires. Une autre figure de la social-démocratie européenne, l’ex-Premier ministre britannique Tony Blair, sert de conseiller-image à Nazarbaïev. Pour plus de dix millions d’euros, il lui enseigne les bonnes manières démocratiques, tandis que sa femme, Cherie Blair, lui dispense les conseils de son cabinet d’avocats pour 1 200 euros de l’heure.

On voit le résultat : Nazarbaïev, qui avait choisi deux « adversaires » pour cette élection, leur a laissé moins de 3 % des suffrages. Hollande et Blair lui ont-ils adressé leurs félicitations ? En tout cas Total, Bouygues, Areva et quelques autres le pourraient.

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