Sommet sur les migrants : l’hypocrisie criminelle des dirigeants européens28/04/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/05/2439.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Sommet sur les migrants : l’hypocrisie criminelle des dirigeants européens

Faisant suite à l’émotion provoquée par la mort de 800 migrants lors du naufrage du 19 avril, les dirigeants européens se sont réunis d’urgence en sommet extraordinaire à Bruxelles.

Après une dérisoire minute de silence en hommage aux morts en Méditerranée, les gouvernements de l’Union européenne n’ont rien décidé qui puisse éviter que se renouvelle un tel tragique événement. Au contraire.

Les moyens alloués pour la surveillance et le sauvetage en mer seront triplés. Cela n’est qu’un retour à ce que consacrait déjà la seule Italie dans le cadre de la mission « Mare Nostrum », entre novembre 2013 et novembre 2014. Cette mission avait permis de sauver 144 000 migrants avant d’être stoppée sur décision de l’Union européenne, au prétexte qu’elle risquait, en rendant la traversée moins périlleuse, de créer un appel d’air pour les candidats à l’immigration. En clair, pour décourager les futurs migrants, il valait mieux laisser mourir ceux qui tentaient la traversée. C’est dire la responsabilité de ces dirigeants européens dans la mort de 3 419 migrants en 2014.

Même l’accueil des réfugiés, prévu par ce sommet, reste dérisoire. Il n’y aura aucune obligation d’accueil pour les pays européens. La France envisage par exemple de n’accueillir que 500 à 700 nouveaux réfugiés syriens en 2015, alors qu’elle est déjà un des pays européens qui en accueille le moins.

De plus, le sommet a envisagé d’utiliser des moyens militaires afin de saisir et de détruire les embarcations utilisées par les passeurs. Outre les risques supplémentaires que de telles opérations feraient courir aux migrants, cela pourrait servir de prétexte à une nouvelle intervention militaire en Libye qui serait à coup sûr aussi désastreuse que celle voulue par Sarkozy.

Les dirigeants européens souhaiteraient que les côtes libyennes soient sécurisées pour empêcher les migrants d’entreprendre la traversée. Qu’ils meurent ensuite loin des frontières et des caméras, ce n’est pas leur problème. Politique non seulement criminelle, mais dérisoire. Aucun mur n’empêchera jamais des hommes fuyant la misère et la guerre de risquer leur vie dans l’espoir d’un havre de paix. Pour éviter que le massacre se perpétue, il suffirait de légaliser cette immigration. 219 000 personnes ont traversé la Méditerranée en 2014. Les accueillir dans une Europe de 500 millions d’habitants ne poserait pas de problème.

« On ne peut pas accueillir toute la misère du monde » reprennent en boucle les politiciens européens. L’Europe impérialiste est en partie responsable de cette « misère du monde ». Permettre à ceux qui la fuient de vivre décemment ne serait que la plus élémentaire des justices. Et ce ne serait pas la catastrophe annoncée. Des migrations tout aussi importantes, voire plus, se sont produites dans le passé. Et loin d’être porteuses de difficultés, elles ont été un des facteurs de développement des pays d’accueil.

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