Réforme pénale : Les prisons resteront pleines05/06/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/06/une2392.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Réforme pénale : Les prisons resteront pleines

La réforme pénale, présentée le mardi 3 juin devant l'Assemblée nationale par la ministre de la Justice, Christiane Taubira, vise officiellement à revenir sur la politique du « tout carcéral » des années Sarkozy et à privilégier l'adoption de peines alternatives à l'emprisonnement.

Inspirée par la seule démagogie, la politique sécuritaire de durcissement des peines menée par les gouvernements de droite sous Sarkozy montre aujourd'hui son échec criant. Elle a abouti à ce triste record, atteint au 1er avril dernier, avec 68 859 personnes incarcérées pour une capacité des établissements pénitentiaires de 57 680 places.

La situation dans les prisons est dénoncée comme toujours plus inhumaine, à la fois pour les détenus et pour tous ceux qui y travaillent. Sans pour autant que le but proclamé de « plus de sécurité » soit atteint car, loin d'empêcher la récidive, la prison constitue en réalité une véritable « école du crime ».

Le projet gouvernemental prévoit notamment l'instauration comme alternative à l'emprisonnement d'une nouvelle peine, la contrainte pénale, qui consisterait en divers contrôles mis en oeuvre sous la responsabilité d'un juge.

Cette peine ne devait s'appliquer à l'origine qu'aux délits passibles de moins de cinq ans d'emprisonnement. Un amendement des députés socialistes, adopté en commission et ayant reçu le soutien de la ministre, l'a étendue à tous les délits.

La droite, qui se préparait de toute façon à dénoncer le prétendu « laxisme » du gouvernement en matière de sécurité publique, en a pris prétexte pour se déchaîner. Ses politiciens peuvent ainsi faire du bruit sur leur terrain privilégié et accumuler des déclarations plus démagogiques et plus stupides les unes que les autres.

Comme bien d'autres fois dans ce genre de situation, par peur de prêter le flanc à cette accusation de laxisme, Hollande a reculé et a tenu à déclarer qu'il s'opposerait à cet amendement au texte initial, pour ne pas le « déséquilibrer ».

Mais sa lâcheté politique, en apportant de l'eau au moulin de la droite, ne fait qu'inciter celle-ci à la surenchère. Quels que soient les résultats de cette nouvelle épreuve de force, quel que soit le texte adopté à l'issu des débats parlementaires, il n'y a guère de progrès à attendre de cette réforme pénale. Une véritable politique se souciant de la réinsertion et du suivi des condamnés nécessiterait des moyens financiers, notamment l'embauche de conseillers, d'éducateurs, de personnel pouvant réellement s'occuper de chaque individu. La politique d'austérité menée par le gouvernement Valls ne va pas dans ce sens et elle a bien plus de poids, dans le sens de la régression, que les timides tentatives de réformes de la ministre de la Justice.

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