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- Lutte ouvrière n°2392
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Qatar : Mondial 2022, une erreur meurtrière
Contrairement à ce qu'il affirmait encore il y a deux mois, Blatter a aussi reconnu que la Fifa avait une « part de responsabilité » dans les conditions de travail et de vie ignobles imposées aux ouvriers travaillant sur les chantiers de construction - stades, hôtels, routes, parkings, infrastructures - dans lesquels les sociétés occidentales se taillent la part du lion. Environ 1 200 d'entre eux seraient morts en deux ans, que ce soit par accident, maladie ou trop longue exposition à des températures extrêmes sans protection, ni même parfois suffisamment d'eau à boire. Ces ouvriers travaillent 12 à 14 heures par jour, sept jours sur sept, et sont logés par les entreprises sous-traitantes qui les emploient dans des baraquements ou des camps, dont certains sont proches du bidonville. « On est dix dans une chambre, il n'y a plus du tout d'espace. Et il n'y a pas de douche, juste un vieux tuyau. Parfois il y a de l'eau, parfois il n'y en a pas », témoigne un ouvrier indien.
Ces ouvriers sont des migrants, venus d'Inde ou du Népal pour la plupart, et recrutés dans leur pays d'origine. Alors qu'ils se sont endettés pour payer leur venue au Qatar, ils se retrouvent avec des salaires misérables d'environ 120 euros par mois, la moitié de la somme promise. Comme ils sont obligatoirement « parrainés » par leur employeur, ils ne peuvent pas quitter leur travail sans son autorisation. Voilà qui s'apparente fort à de l'esclavage, ce que ne pouvaient ignorer ni les organisateurs de la Coupe du monde ni les pays occidentaux, dont la France. À en en croire les organisateurs, les pays occidentaux ont fait pression sur eux, pour qui l'argent des émirs du Qatar offre des perspectives d'enrichissement à leurs géants du BTP, tels que Bouygues ou Vinci.