La réforme territoriale : Empoignades de théâtre et réalité sordide05/06/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/06/une2392.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

La réforme territoriale : Empoignades de théâtre et réalité sordide

Une grande partie de la presse quotidienne du mardi 3 juin a publié une longue tribune libre de Hollande, à l'adresse « de tous les Français ». La veille au soir, après un débat âpre et tendu, paraît-il, Hollande avait tranché et arrêté le premier volet de sa fameuse réforme territoriale : la refonte des 22 régions métropolitaines actuelles en... 14 régions.

Bien sûr, on peut comprendre qu'il y ait une certaine inquiétude parmi les présidents de région, petits seigneurs locaux, et leur cour, préoccupés par leur devenir. Mais c'est une inquiétude quelque peu factice car, si les 21 présidents socialistes de région sont menacés de perdre leur mandat, c'est d'abord à cause de la politique propatronale du gouvernement, qu'ils soutiennent tous et qui a déjà provoqué deux raz de marée électoraux antisocialistes.

Le gouvernement, la caste politique et l'ensemble de la presse écrite et audiovisuelle parlent comme d'une évidence incontestable de la « nécessité de réformer le millefeuille administratif qui coûte une fortune à l'État ». Mais cela recouvre un énorme mensonge.

Ni les régions ni les départements ou les communes ne constituent un poids inadmissible pour l'État. Au contraire, depuis plus de trente ans, au fil du temps l'État s'est défaussé de ses responsabilités sur l'ensemble des collectivités territoriales. Cela lui a permis de détourner des dizaines de milliards, censés répondre aux besoins élémentaires de la population, vers les caisses des capitalistes de la banque, de l'industrie, des services et du commerce.

Le gouvernement Mauroy, sous la présidence de Mitterrand et avec le soutien du PS et du PCF, a mis en route ce désengagement massif de l'État par le biais des lois de décentralisation. L'État transféra alors aux collectivités locales, au nom « de la démocratie locale », des compétences qu'il exerçait auparavant, sans jamais leur assurer les financements correspondants. Si parfois les notables locaux ont protesté contre ce détournement de fonds général, ils ont apprécié en contrepartie le petit pouvoir que leur octroyait la gestion de ces sommes.

Les secteurs les plus vitaux pour la population ont été touchés : l'éducation, les aides sociales, la santé, le handicap, les maisons de retraite, les transports, les routes, le logement, etc. Non seulement l'État a ainsi économisé des sommes considérables, une part notable du budget national, mais de plus il a rejeté sur les notables locaux la responsabilité de cette politique de restrictions. Il leur appartenait, soit de faire des coupes budgétaires à cause du manque de financements, soit d'augmenter les impôts locaux en conséquence.

Ce qui importe pour la population n'est ni la taille, ni le nombre des régions, pas plus que la survivance ou non des départements, autrement dit la forme des subdivisions administratives de l'État, mais ce qui se profile derrière : en l'occurence, la destruction progressive des services vitaux encore existants.

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