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- Lutte ouvrière n°2392
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Dans les entreprises
SNCF : Appel à la grève
À la suite de la manifestation réussie du 22 mai, les syndicats avaient demandé à être reçus par le gouvernement, le 4 juin. Il est difficile de savoir ce qu'ils pouvaient attendre d'une telle rencontre, puisque c'est le gouvernement socialiste qui, en ficelant cette réforme, s'attelle une fois de plus au sale travail que la droite n'a pas osé faire. Mais Cuvillier, ministre des Transports, les a méprisés, refusant de les recevoir et les renvoyant vers Guillaume Pépy, président de la SNCF.
C'est donc après s'être fait claquer la porte au nez que les syndicats ont déposé ce préavis de grève reconductible. Même s'il est difficile de savoir les suites que les fédérations syndicales cheminotes voudront donner à ce préavis, une chose est certaine : le ras-le-bol est grand chez les cheminots et cet appel peut avoir un retentissement important.
Tout se cumule : ras-le-bol des suppressions d'emplois qui frappent tous les secteurs, aggravent les conditions de travail, mettent en cause la sécurité des travailleurs et usagers ; ras-le-bol de la multiplication des horaires décalés, de la flexibilité des horaires en fonction de la rentabilité ; ras-le-bol de salaires qui ne permettent pas de s'en sortir ; ras-le-bol des pressions toujours plus lourdes de la hiérarchie ; ras-le-bol des campagnes désignant à l'opinion publique les cheminots comme des privilégiés.
Là-dessus, la réforme ferroviaire annoncée est un plan d'attaques supplémentaires, qui aurait pour conséquence de morceler les cheminots et de leur imposer une convention collective inférieure à la réglementation actuelle du travail en termes de repos, d'amplitude et de conditions de travail.
La réussite de la manifestation du 22 mai a montré que le mécontentement était réel. Près d'un cheminot sur dix est venu à Paris alors même qu'il n'y avait pas d'appel national à la grève. Dans plusieurs secteurs, en plus des milieux militants, des jeunes ont ainsi participé à leur première manifestation.
Les attaques qui frappent les cheminots sont celles qui frappent tous les travailleurs. Quelles que soient les limites que mettront les directions syndicales à ce mouvement, si dès le 10 juin les travailleurs du rail relevaient la tête, ils pourraient, en contestant pour eux-mêmes la politique du gouvernement, donner un encouragement à l'ensemble des travailleurs.