Brésil : La coupe est plus que pleine05/06/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/06/une2392.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Brésil : La coupe est plus que pleine

Au Brésil, à l'approche de la Coupe du monde de football qui commencera le 12 juin, manifestations, grèves et coupures de routes se sont multipliées. En effet, il est scandaleux de consacrer une dizaine de milliards d'euros à cette compétition, alors que l'argent manque pour la santé, l'éducation, le logement et les transports des couches populaires.

Bien sûr les dizaines de milliers de personnes qui se sont mobilisées le 15 mai contre les injustices de la Coupe sont restées loin des centaines de milliers de manifestants de juin 2013 contre les hausses des prix des transports. Néanmoins les principales villes ont été touchées par des initiatives variées.

À Sao Paulo par exemple, une manifestation du secteur de l'entretien du métro a eu lieu en centre-ville ; puis les familles sans logis de l'Occupation Espérance de la banlieue d'Osasco ont bloqué l'autoroute Anhanguera, qui vient de Brasilia ; quinze usines métallurgiques, en grève, ont organisé un rassemblement dans la zone nord ; à l'appel du Mouvement des travailleurs sans toit, 5 000 personnes ont manifesté devant le stade d'Itaquera, où se déroulera le match d'ouverture de la Coupe. Ensuite a eu lieu une manifestation de 10 000 enseignants municipaux, en grève pour des augmentations de salaire, des postes et une réduction des effectifs par classe ; puis 5 000 personnes ont manifesté sur la grande avenue Paulista.

Enseignants grévistes à Rio, agents de la circulation à Bahia, personnel administratif de l'université à Brasilia, agents du nettoyage à Fortaleza, policiers à Recife, employés municipaux de Belo Horizonte, salariés de la santé à Natal, de la justice en Amazonie : cette journée de lutte a été à la fois variée et nationale.

Ce n'est pas la Coupe qui est mise en cause, mais les dépenses extravagantes, la corruption généralisée, les profits des entreprises du BTP et autres associées à l'événement, pas toutes brésiliennes, loin de là, de Siemens à Nike et Adidas. Car si on ne sait pas quelle équipe va l'emporter, on sait déjà qui va s'en mettre plein les poches. Beaucoup ont même l'impression que la Fifa fait la loi dans le pays, d'où les slogans : « Fifa, go home », « Fifa, retourne en Suisse ». Mais la Fifa n'est en l'occurrence qu'un maître d'oeuvre secondaire.

La mobilisation s'appuie sur les grèves qui s'enchaînent d'une région à une autre : en février, les éboueurs de Rio, en plein carnaval ; en mars, 30 000 ouvriers du chantier de la Comperj à Itaborai, dans l'État de Rio ; les policiers du Para en avril, les policiers et les agents pénitentiaires de Recife en mai ; à la mi-mai les conducteurs de bus de Rio ; à Cubatao, capitale de la pétrochimie sur la côte de Sao Paulo, 5 000 ouvriers de la compagnie nationale Petrobras en avril, puis début mai 15 000 ouvriers de la sous-traitance dans les raffineries et sur les chantiers dont certains étaient encore en grève début juin. Et on ne compte plus les grèves d'enseignants ou d'étudiants. Même la police fédérale, qui s'occupe entre autres des ports et aéroports, a menacé de se mettre en grève pendant la Coupe.

Face à cette contestation, le gouvernement fait le dos rond. L'ex-président Lula dit qu'il ne faut pas mélanger foot et politique. La présidente actuelle, Dilma Rousseff, briguera en octobre un deuxième mandat. Son cauchemar serait une vague de grèves et de manifestations pendant la Coupe. À l'inverse, pour bien des travailleurs cette période apparaît favorable pour revendiquer et leur slogan est : « Pendant la Coupe, il va y avoir des luttes. »

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