Mali : L'élection présidentielle et les manoeuvres de l'impérialisme français01/08/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/08/une2348.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Mali : L'élection présidentielle et les manoeuvres de l'impérialisme français

Conduite à marche forcée sous la pression du gouvernement français, l'élection présidentielle au Mali s'est tenue dimanche 28 juillet, du moins le premier tour. François Hollande s'est félicité du « bon déroulement du scrutin présidentiel malien » et a déclaré que cette élection « consacre le retour du Mali à l'ordre constitutionnel, après la victoire obtenue sur les terroristes et la libération du territoire. »

Près de 500 000 Maliens déplacés par la guerre n'ont pas pu voter. Dans la région de la ville de Kidal, au nord du pays, contrôlée par l'armée touareg, seulement un tiers des cartes d'électeurs ont été distribuées. Même dans la capitale Bamako, de nombreuses personnes ont abandonné la recherche de leur bureau de vote, introuvable à cause de la désorganisation. Mais tout cela, le gouvernement français s'en fiche. Pour donner le plus rapidement possible un semblant de légitimité au pouvoir malien sur lequel il s'appuie pour défendre ses intérêts, un semblant d'élection lui suffit parfaitement.

Au-delà de cette mascarade électorale, la situation est rien moins que stabilisée dans ce pays. En contenant la rébellion touareg et en éparpillant dans les zones désertiques du nord les milices islamistes dont l'avancée militaire pouvait menacer le pouvoir central, l'intervention militaire française, enclenchée en janvier dernier, a peut-être permis au pouvoir déliquescent de Bamako rongé par la corruption de se remettre en selle. Mais elle a mis en place des bombes à retardement dans tout le pays.

Dans les villes du nord reconquises par l'armée française et où elle a confié le pouvoir à différentes forces militaires, les tensions se sont exacerbées. Dans la région de Tombouctou, les exactions de l'armée malienne et des miliciens qui lui sont associés terrorisent les populations touaregs. À Kidal sous domination de l'armée touareg et du MNLA (Mouvement national de libération de l'Azawad), ce sont les populations noires qui se sentent menacées de représailles.

Dans le reste du Mali, la campagne électorale a été marquée par une surenchère nationaliste à l'encontre des populations du Nord. En outre, la rivalité entre les différents clans politiques, dont certains commencent déjà à contester les résultats avant même qu'ils aient été publiés, pourrait très bien pousser l'armée malienne à intervenir directement, elle qui avait déjà écarté le précédent président par un coup d'État en 2012.

Alors, rien d'étonnant à ce que parallèlement aux déclarations officielles et contrairement aux annonces sur le retrait rapide de ses troupes, le gouvernement français maintienne près de 3 200 soldats au Mali. Autant dire que dans cette situation, le futur président malien sera plus l'homme de l'armée française que le représentant de la population.

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