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- Lutte ouvrière n°2348
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Dans le monde
Tunisie - L'assassinat d'un opposant : Fausse transition démocratique
Six mois après l'assassinat de Chokri Belaïd, en février, c'est un autre militant, Mohammed Brahmi, qui a été assassiné par deux tueurs, le 25 juillet en sortant de son domicile à Tunis. Membre du Front populaire tunisien, proche de la centrale syndicale UGTT, député de la ville de Sidi Bouzid qui a vu le départ du mouvement ayant abouti au départ du dictateur Ben Ali, Mohammed Brahmi était comme Chokri Belaïd ennemi du pouvoir du parti islamiste Ennahda, et c'est très probablement ce qui en a fait une cible.
L'indignation s'est aussitôt exprimée contre les tueurs et le parti Ennahda qui semble les couvrir. Ses bureaux à Sidi Bouzid ont été mis à sac. Nombre de manifestants, mais aussi des députés de l'Assemblée nationale constituante elle-même, réclament maintenant la dissolution de celle-ci. Mise en place après le départ de Ben Ali, elle ne fait en effet que servir de couverture au maintien du même pouvoir d'État, y compris du même régime policier, sans apporter la moindre solution à une situation sociale qui s'aggrave. Parallèlement, à l'ombre du gouvernement dominé par Ennahda, les groupes islamistes voudraient imposer leur ordre moral et vont jusqu'à l'assassinat.
Protestant contre l'odieux assassinat de Mohammed Brahmi, la gauche et notamment les dirigeants du Front populaire réclament maintenant, outre la dissolution de l'assemblée, le départ des islamistes d'Ennahda du pouvoir et la mise en place d'un « gouvernement de salut national » pour poursuivre « la révolution démocratique tunisienne ». Mais c'est bien la prétendue « transition démocratique » promise après le départ de Ben Ali qui se révèle pour ce qu'elle est : un moyen de faire patienter et de tromper la population tunisienne en révolte, en attendant qu'une nouvelle dictature réussisse à se mettre en place, que ce soit sous des habits islamistes ou sous d'autres.
On ne peut que se sentir solidaires de tous ceux qui, en Tunisie, protestent contre les assassinats et la remise en place progressive d'une dictature. Mais c'est bien pourquoi il n'y a pas à cautionner le prétendu processus de transition mis en place en janvier 2011, quelle que soit l'étiquette dont il se pare.