Depuis des mois, les éleveurs laitiers sont confrontés à de graves difficultés économiques, leurs charges ayant fortement augmenté, en particulier à cause du renchérissement des aliments pour le bétail. Ne tenant aucun compte de ces difficultés, les industriels du secteur et les patrons de la grande distribution refusent d'augmenter de manière significative les prix qu'ils proposent aux éleveurs.

Lactalis, premier groupe laitier mondial avec un chiffre d'affaires de 15,7 milliards d'euros, est particulièrement dur dans ses négociations avec les éleveurs. L'année dernière, il avait fallu une épreuve de force avant qu'il accepte de négocier ses prix avec une organisation de producteurs plutôt que d'imposer à chaque éleveur un contrat individuel. Puis les négociations avaient traîné en longueur avant qu'il accorde une avance de 25 euros par 1 000 litres de lait pour les mois d'avril, mai et juin 2013. Lactalis finissait ainsi par se conformer aux propositions du médiateur nommé par le gouvernement, bien que cette somme soit jugée insuffisante par les éleveurs pour résoudre leurs problèmes de trésorerie.

Aujourd'hui, des négociations sont en cours pour fixer les prix du lait au second trimestre 2013... Et le bras de fer recommence. Lactalis intègre les 25 euros d'augmentation dans le prix de base, mais ne va pas au-delà, et refuse désormais de prendre en compte les « indicateurs de marché » pour modifier le prix du lait au cours du semestre. Parmi ces indicateurs, il y a les prix payés par la grande distribution qui devraient augmenter de manière notable dans la période à venir.

Comme à chaque fois, les éleveurs ont dû se mobiliser pour faire reculer Lactalis : manifestation de plus de deux cents d'entre eux devant le siège de Lactalis à Laval ; plaintes déposées contre le groupe ; saisie du médiateur gouvernemental... Ils ont ainsi obtenu que Lactalis s'engage à répercuter aux producteurs toute hausse des tarifs payés par la grande distribution à l'automne et renégocie ses prix à la fin de l'année 2013.

Lactalis est un groupe richissime. Ses propriétaires, la famille Besnier, se placent au douzième rang des fortunes françaises. Elle brasse des milliards accumulés en exploitant les salariés du groupe et en pressurant les éleveurs qui en dépendent pour écouler leur lait.