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Dans le monde
Les JMJ au Brésil : De l'eau bénite sur leurs méfaits
Le pape était à Rio de Janeiro du 22 au 28 juillet, pour les Journées mondiales de la jeunesse catholique. Pour l'Église catholique, il s'agissait de redorer son blason, dans un pays où elle est concurrencée par les Églises protestantes et les multiples sectes évangéliques.
Le show papal a réuni beaucoup de gens, certains venus de très loin. Sur la plage de Copacabana à Rio, il y aurait eu un demi-million de personnes. S'adressant à eux, le pape a tenu à se faire moderne. Il voulait, a-t-il dit, des « jeunes chrétiens, révolutionnaires, à contre-courant », des croyants qui « sortent dans la rue » et « mettent la pagaille ». Ce coup de goupillon aux allures radicales était tout simplement destiné à encourager ceux qui combattent les « influences marxistes ou libérales » et à sanctifier les idées réactionnaires sur le mariage, l'homosexualité, la famille, l'avortement.
Ce déversement de bondieuseries n'a pas fait oublier que, le mois dernier, il y avait autant de monde dans les rues pour protester contre les hausses de prix des transports et contre l'abandon des services publics.
D'ailleurs certains de ces contestataires de juin ont voulu se rappeler au bon souvenir des autorités en manifestant autour du palais du gouverneur de l'État de Rio, au moment où le pape rencontrait les autorités : la présidente Dilma Rousseff, le gouverneur Cabral, le maire Paes, tous mis en cause par ce mouvement. Le pape prône officiellement « une Église pauvre pour les pauvres » mais il est accueilli par les riches et les puissants, qui savent bien que, si les hommes sont tous frères en Jésus-Christ, il y en a qui sont plus frères que d'autres.
Ces manifestants dénonçaient la vie chère et la corruption. Certains accusaient l'homophobie et la misogynie de l'Église catholique. Beaucoup se disaient athées et reprochaient à l'État brésilien d'avoir consacré 50 millions d'euros de fonds publics à cette grande fête publicitaire catholique. Preuve que cet argent aurait manqué aux services publics : le soir de la cérémonie d'ouverture des journées catholiques, une panne de métro de deux heures a semé le chaos dans la ville.
La presse pro-catholique n'a pas tari d'éloges sur la simplicité de ce pape qui prétend vouloir entrer en contact avec les plus pauvres, avec les malades, les déshérités. C'est oublier que, Argentin d'origine, il est dénoncé dans son pays pour complicité avec la dictature militaire qui a assassiné par milliers ouvriers et militants de gauche. Les Mères de la place de Mai lui reprochent aussi de s'être tu sur le sort des enfants de militants assassinés, que de hauts gradés ont enlevés et adoptés.
Avec les JMJ, l'Église catholique a montré qu'elle conservait une large audience dans la population brésilienne. On a vu aussi qu'elle n'a rien perdu de son conservatisme social et politique.