Portugal : Contre la politique d'austérité, manifestations massives06/03/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/03/une2327.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Portugal : Contre la politique d'austérité, manifestations massives

Samedi 2 mars, les villes du Portugal ont été le théâtre de manifestations massives, à l'appel du collectif « Que la Troïka aille se faire voir », soutenu par la centrale syndicale CGTP et par les partis de gauche. Les organisateurs parlent d'un million et demi de manifestants (le pays compte dix millions d'habitants) : 500 ou 600 000 à Lisbonne, 400 000 à Porto, avec des cortèges dans plus de quarante villes, jusque dans l'archipel des Açores et à Madère, ainsi que devant les consulats et ambassades du Portugal un peu partout en Europe.

Les manifestants protestaient contre la politique d'austérité du gouvernement, en particulier contre la hausse générale des impôts annoncée pour cette année, en même temps que quatre milliards de coupes dans les budgets sociaux. Ils dénonçaient bien sûr la Troïka (Union européenne, Banque centrale européenne, Fonds monétaire international), dont une délégation était présente à Lisbonne pour vérifier la bonne application de l'austérité qui est censée compenser les 78 milliards d'euros de prêts consentis au pays en mai 2011.

Mais la principale cible était le gouvernement portugais, sa politique antipopulaire qui ne fait qu'aggraver la crise et plonger les travailleurs dans la misère. Salaires et retraites ont été diminués l'an passé, et le résultat ne s'est pas fait attendre : le produit intérieur brut a reculé de 2 %, tandis que le chômage grimpait à 17 %. Parallèlement, de plus en plus de travailleurs se tournent vers l'émigration, comme dans les années 1960, mais la situation économique n'est plus la même et bien souvent, ils trouvent à l'étranger le même chômage qu'au pays.

Le rejet de la politique d'austérité s'exprime par de nombreuses grèves. Après ses manifestations réussies du 16 février, la CGTP avait annoncé un mois et demi de mobilisations, qui doivent se terminer le 27 mars par une manifestation pour les jeunes. La semaine du 4 au 9 mars, les grèves devaient se succéder dans les transports et culminer dans une manifestation samedi 9 mars à Lisbonne. Mardi 5, les travailleurs des transports de Porto étaient à 80 % en grève. Le même jour, au nord de Lisbonne, les cheminots bloquaient les trains à la gare d'Entroncamento. Du 21 au 23 mars, ce sont les pilotes et tous les travailleurs de la compagnie aérienne TAP qui seront appelés à faire grève.

Les grèves se succèdent, les manifestations se succèdent, avec un égal succès, mais sans qu'émergent un plan de mobilisation et des perspectives pour l'ensemble du monde du travail. Les manifestants du 2 mars criaient : « Dehors le gouvernement ! », mais alors qui pourrait venir à sa place ? Le Parti socialiste a été remplacé il y a deux ans par la droite, discrédité précisément parce qu'il menait la politique d'austérité. Il ne demande sans doute qu'à revenir au gouvernement, mais sa politique ne pourrait être que dans la continuité de celle de la droite actuelle.

D'autres manifestants reprenaient en mot d'ordre le vers de Grandola vila morena, la chanson symbole du 25 avril 1974 : « C'est le peuple qui commande. » C'est un beau vers mais, pour en faire une réalité, il faudra que les travailleurs s'y mettent eux-mêmes et imposent leurs exigences contre tous ceux qui veulent leur faire payer la crise. Ils ne peuvent compter sur personne d'autre.

Partager