Hôpitaux publics : Toujours des économies sur la santé06/03/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/03/une2327.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Hôpitaux publics : Toujours des économies sur la santé

La ministre de la Santé, Marisol Touraine, vient d'annoncer une nouvelle réforme de l'hôpital. Elle prétend réhabiliter le « service public hospitalier », mis à mal ces dernières années par « l'approche marchande de la santé » qui a « occulté les valeurs fondatrices du service public hospitalier ». Certes. Mais tout indique que la ministre et le gouvernement auquel elle appartient n'en ont pas pour autant fini avec la politique d'économies budgétaires qui a présidé aux dérives qu'elle dénonce aujourd'hui.

Gérard Vincent, délégué général de la Fédération hospitalière de France, qui fédère les quelque 1 200 hôpitaux publics du pays, a aussitôt rappelé à la ministre qu'« on ne peut qu'être d'accord avec un discours plein de bonnes intentions. Mais la réalité des décisions qui ont été prises la semaine dernière pénalisent l'hôpital. » Prise de position voisine des principaux syndicats, dénonçant « des arbitrages budgétaires qui (...) restent construits sur les mêmes logiques ».

La ministre prétend vouloir en finir avec la loi Bachelot et le fait « de considérer l'hôpital comme une entreprise ». Elle dit aussi vouloir réhabiliter le rôle des médecins qui, dans la précédente loi, avaient dû s'incliner devant le directeur de l'hôpital, et prétend associer les usagers. Mais elle est plus vague sur les moyens. Et pour cause, la logique budgétaire qui avait donné naissance à la loi Bachelot n'a pas disparu.

Le 25 février, la même Fédération hospitalière de France (FHF) avait alerté sur le fait que « les hôpitaux sont dans une impasse budgétaire », ajoutant « les charges augmentent et les recettes baissent. C'est devenu impossible. »

Depuis 2005, les hôpitaux ont été poussés à réaliser 2,7 milliards d'euros d'économies, ce qui a entraîné la disparition de milliers d'emplois, créant une situation très difficile pour les personnels hospitaliers. Car, si on ne licencie pas à l'hôpital public, on peut ne pas remplacer les partants.

Le gouvernement a donc proposé fin février de baisser les prix de certains actes. Pourquoi pas ? Mais les baisses tarifaires proposées seront plus fortes à l'hôpital public que dans les cliniques privées, alors que la FHF demandait exactement le contraire. Celle-ci estime que ce différentiel rend les cliniques privées plus attractives.

De fait, la ministre de la Santé en demande plus à l'hôpital public qu'aux cliniques privées, une fois de plus privilégiées. Les dirigeants de la FHF, qui considèrent par ailleurs que « l'emploi ne peut pas et ne doit pas être la variable d'ajustement », ont déclaré que dans ces conditions, pour remettre à l'équilibre les budgets des hôpitaux publics, ils n'auraient pas d'autre solution que de supprimer 20 000 emplois en 2013 et 15 000 en 2014, soit 35 000 emplois en tout. Si tel était le cas, alors que les conditions de travail sont déjà très tendues, ce serait à coup sûr une catastrophe pour l'hôpital public.

C'est dire que les dernières déclarations de la ministre ne peuvent qu'éveiller de la méfiance, surtout venant d'un gouvernement passé maître dans l'art de faire des déclarations rassurantes, tout en mettant en oeuvre une politique allant en sens opposé.

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