Agroalimentaire : Il y a du sushi à se faire06/03/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/03/une2327.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Agroalimentaire : Il y a du sushi à se faire

Après qu'on a retrouvé du cheval dans les lasagnes pur boeuf de l'Europe entière, voilà qu'on découvre qu'un tiers des plats de poissons, notamment les sushis vendus aux États-Unis, sont faussement étiquetés, puis que les boulettes de viande vendues dans le monde entier par Ikea seraient sujettes à caution.

Les boulettes vendues par Auchan au Portugal et les raviolis en boîte William Saurin commercialisés en Europe contiendraient eux aussi du cheval. De plus, même lorsque le boeuf est une vache de réforme et non un cheval fourbu, il est de toute façon gavé de médicaments, lesquels sont finalement absorbés par le consommateur, sans ordonnance.

Les industriels de l'aquaculture, aujourd'hui principaux fournisseurs de poisson des consommateurs européens, suivis des professionnels de la viande et autres industriels inquiets pour leurs profits, prennent donc les devants et exigent des mesures propres à rassurer la clientèle.

Cela risque d'être difficile. Grâce aux progrès de la technique, la quasi-totalité de la nourriture consommée dans les pays développés passe par la grande industrie. C'est vrai depuis longtemps pour des produits stables, comme les céréales, le sucre, le thé, le café ; depuis plus d'un siècle pour le corned-beef de Chicago et les sardines de Douarnenez, puis pour tout ce qui peut se mettre en conserves ; c'est désormais le cas de tous les laitages, surgelés, viande en barquettes et jusqu'aux légumes et fruits frais issus d'exploitations géantes, calibrés, sélectionnés pour leur aspect et leur résistance aux chocs, largement traités aux pesticides de toutes sortes. Le gibier n'existe plus depuis bien longtemps, le poisson sauvage est une rareté pour restaurant chic, jusqu'aux huîtres et aux moules qui sont depuis belle lurette plus « élevées » que ramassées. Le stade ultime semble atteint avec la multiplication des plats préparés surgelés, disponibles 24 heures sur 24 dans des supérettes ouvertes en permanence.

Et, bien entendu, la totalité de la chaîne de production alimentaire est gérée par les capitalistes, et donc exclusivement en vue de la multiplication des profits. Quoi d'étonnant alors à ce que le cheval soit baptisé boeuf et le déchet de hareng thon sauvage ? Après tout, se fournir au moindre prix est le credo de tout directeur des achats, et mentir à la clientèle, le b-a ba de tout directeur des ventes.

Les commentateurs offusqués se partagent en deux catégories. Les premiers, qui font la fine bouche mais défendent la loi du profit, depuis Hollande jusqu'à la grande presse, ne feront rien. Pour eux, la propriété privée, le secret commercial, la course au profit priment sur la santé publique.

Les seconds prient pour un retour en arrière, le « circuit court » et, pourquoi pas, le potager individuel et la lasagne préparée par maman, quitte à lui faire faire la double journée. C'est oublier que l'ère pré-industrielle a connu famines et intoxications alimentaires, et qu'il est impensable d'y revenir.

Seules une agriculture et une industrie développées peuvent nourrir correctement l'humanité et la libérer de l'esclavage domestique. Mais il faut aussi les débarrasser du capitalisme et de la loi du profit.

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