Suisse : Une majorité d'électeurs contre les parachutes dorés06/03/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/03/une2327.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Suisse : Une majorité d'électeurs contre les parachutes dorés

Trois initiatives étaient proposées à la votation, le 3 mars, en Suisse. L'une d'elles, « l'initiative contre les rémunérations excessives », proposée par le sénateur de droite Thomas Minder, visant à limiter les salaires indécents que se versent fréquemment les dirigeants de grandes entreprises, a été adoptée avec 68 % des voix, soit 1,6 million d'exprimés sur 5,1 million d'électeurs, avec une participation de 46 %.

Minder est loin d'être un « rouge ». Ce patron de la PME Trybol est apparenté au parti d'extrême droite UDC qui s'est fréquemment illustré par des campagnes anti-immigrés, dont celle de l'initiative « contre les minarets ». À la tête d'une PME de pâte dentifrice, Minder avait été, comme d'autres fournisseurs, victime de la faillite de Swissair en 2001. Et, tandis que Trybol et ses vingt salariés payaient pour Swissair, le dernier PDG de cette société, en poste depuis quelques mois seulement, se faisait verser une prime de départ de plusieurs millions de francs. Dès lors, Minder a lancé cette initiative, déposée en 2008 après avoir rassemblé 100 000 signatures, qui a été proposée à la votation cinq ans plus tard.

Elle propose, non de plafonner les rémunérations des gros patrons, mais au moins d'obliger les entreprises cotées à observer une procédure stricte pour les fixer. Un vote des actionnaires devrait fixer globalement cette rémunération chaque année. Les parachutes dorés prévus lors du départ des dirigeants, et les « golden hello », petit cadeau négocié pour leur arrivée, seraient interdits, raison pour laquelle l'initiative était soutenue par les partis de gauche.

Une véritable campagne pour le « non » à l'initiative a été organisée par le patronat suisse, les partis de droite, y compris une partie de l'UDC, dont un de ses leaders, Blocher, et Économiesuisse, le Medef helvète, à grand renfort de millions et de menaces. Selon eux, la proposition de loi aurait nui à la compétitivité des grandes entreprises suisses, en privant celles-ci de dirigeants de qualité, donc coûteux, et par là avait entraîné un risque pour les emplois ! Le Conseil fédéral et le Parlement, eux aussi, y étaient opposés.

Une importante majorité d'électeurs ont cependant marqué leur opposition aux pratiques abusives des PDG étalant leurs millions. L'annonce, quelque temps auparavant, du parachute en or massif - 72 millions de francs suisses, soit 58,5 millions d'euros - que s'était attribué le PDG sortant du groupe pharmaceutique Novartis, en échange du respect de la clause de non-concurrence, avait scandalisé une grande partie de la population.

Cette initiative revient certes à un politicien d'extrême droite et fait partie de la démagogie de ce genre de personnage. Tout en se gardant de mettre en cause le système capitaliste, ils veulent se donner l'image de robins-des-bois combattant les trop riches et défendant le peuple. Le résultat n'en est pas moins révélateur des réactions du peuple en question, face à l'étalage des privilèges des riches.

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