Diesel polluant, une vieille histoire06/03/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/03/une2327.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Diesel polluant, une vieille histoire

Interdit à Tokyo depuis le début des années 2000, le gazole a été mis en cause en France, dès 1983, dans le rapport de Roussel, chef de service à l'hôpital Bichat de Paris. Il y dénonçait la pollution par les particules fines issues de la combustion du diesel, ainsi que ses effets génotoxiques et cancérogènes. Dans ses conclusions, il incitait à réduire le plus possible l'utilisation de ce carburant.

Ce rapport a été enterré, entre autres grâce à l'influence exercée au même moment sur le président Mitterrand par Jacques Calvet, PDG de PSA de 1983 à 1997. Un documentaire édifiant présenté récemment sur France 5, « Diesel, le scandale français », montre comment les constructeurs automobiles, et en particulier Peugeot, ont su imposer les incitations fiscales qui feraient vendre des véhicules diesel, pratiquant déjà le chantage à l'emploi. En vingt ans, entre 1990 et 2011, les consommations relatives d'essence et de diesel se sont largement inversées, passant de 20 millions de mètres cubes à 40 millions par an pour le diesel, tandis que l'essence passait de 24 millions de mètres cubes à 10 millions.

Pour le plus grand profit des constructeurs, le bonus écologique sur les véhicules diesel récents et le prix du carburant ont décidé de nombreux acheteurs, de telle sorte qu'en 2012, 73 % des voitures vendues étaient équipées d'un moteur diesel. Ce prix inférieur du diesel est purement le résultat d'une volonté politique, consistant à maintenir les taxes à un niveau inférieur à celles appliquées à l'essence : la production du gazole revient en effet plus cher que celle de l'essence, à volume de brut égal. Ses raffineries n'en produisant pas suffisamment, la France doit en importer et revendre de l'essence, afin d'assumer la politique « tout diesel » imposée depuis des années.

Mais ce ne sont pas les 42 000 décès prématurés par an attribués dans le pays à l'utilisation des camions, bus, taxis, tracteurs, camionnettes et véhicules particuliers roulant au gazole qui ont suffi à inciter les gouvernements à résister au lobby des constructeurs.

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