Dire NON aux attaques du patronat et du gouvernement06/03/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/03/une2327.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Dire NON aux attaques du patronat et du gouvernement

Laurence Parisot, en campagne pour sa propre succession, a pour programme de relever l'âge légal de départ à la retraite à 67 ans et de porter la durée de cotisation à 43 annuités. Elle a aussi en ligne de mire les allocations chômage, les allocations familiales, enfin tout ce qu'elle considère être des dépenses inutiles.

La proposition de loi consistant à amnistier les délits commis dans le cadre des mouvements sociaux, votée au Sénat, a déchaîné la fureur de Madame. Les sénateurs PS en ont pourtant tellement réduit la portée que, si amnistie il y avait, elle serait symbolique. Parisot le sait mais, pour caresser les patrons dans le sens du poil, il est toujours bon de faire passer les travailleurs en lutte pour de dangereux délinquants.

Les patrons voudraient pouvoir imposer des cadences insupportables sans que les travailleurs ne résistent. Ils voudraient fermer des usines et priver de leur salaire des milliers de travailleurs sans être dérangés. Avec la flexibilité, ils démolissent la vie privée des travailleurs, et il faudrait que les travailleurs se résignent, qu'ils n'aient pas un mot plus haut que l'autre, pas un geste de colère. Ce n'est pas comme ça que cela se passe, et c'est tant mieux !

Les travailleurs qui sont jetés comme des malpropres après des années de travail ont de quoi être en colère. Ceux qui découvrent qu'on leur a menti, qu'on les a manipulés, ont de quoi être révoltés. Et cela ne fait pas d'eux des délinquants !

« Il faut favoriser le dialogue social, pas la destruction », a rajouté Parisot. Et de prendre pour exemple le « dialogue social » qui a débouché sur l'accord du 11 janvier entre le Medef, la CGC, la CFTC et la CFDT.

Mais cet accord n'est rien d'autre que la reconnaissance du diktat patronal. L'accord est basé sur le point de vue du patronat selon lequel, pour sécuriser l'emploi, il faut pouvoir licencier plus facilement et flexibiliser au maximum. Que trois syndicats et le gouvernement prétendument socialiste aient adopté ce point de vue n'y change rien, car le résultat est sans appel : le patronat a obtenu tout ce qu'il voulait.

Comble de cynisme, le gouvernement a prévu de traduire cet accord dans une loi « pour la sécurisation de l'emploi ». Mais si cette loi est adoptée, elle va sécuriser les licenciements, sûrement pas les emplois. Les licenciements seront plus faciles, ils coûteront moins cher aux patrons, et les salariés pourront plus difficilement les contester. Comme si les milliers de travailleurs licenciés chaque semaine ne suffisaient pas !

Côté salariés, qu'est-ce qui est sécurisé ? Pas le lieu de travail, puisque l'accord impose la mobilité. Pas le temps de travail, puisque l'accord impose la flexibilité. Ni même le salaire, puisqu'il sera désormais possible pour les patrons de le baisser en fonction de leurs affaires.

Tout cela dépendra d'accords d'entreprise, autrement dit du chantage patronal, où les salariés n'ont le choix qu'entre « travailler plus pour gagner moins » ou être licenciés. Et ce, sans même avoir la garantie qu'au bout du compte ils ne perdront pas leur emploi ! Avec cette loi, le chantage, l'arbitraire et la violence des patrons vont avoir force de loi et on le devra au gouvernement socialiste !

Le patronat ne cache pas qu'il veut aller plus loin encore et le gouvernement y oeuvre. Après avoir dénoncé la réforme Sarkozy de 2010 sur les retraites, voilà que le gouvernement se prépare à l'aggraver. Sacrifices sur les retraites, hausse du diesel, baisses de salaire, licenciements, c'est de tous les côtés que les coups nous tombent dessus.

Mais qui sème le vent récolte la tempête ! Patronat et gouvernement vont finir par provoquer le coup de colère qui mettra les exigences des travailleurs au premier plan.

Il faudra qu'à cette colère s'ajoute la conscience claire des intérêts politiques de la classe ouvrière et de la société. Les travailleurs contesteront alors le droit qu'a une minorité de maintenir la majorité dans l'exploitation, le chômage et la misère. Ils remettront en cause le sacro-saint droit patronal à décider de leur vie. On n'entendra plus le patronat se plaindre de quelques dégradations matérielles : c'est tout son droit de propriété sur les entreprises qui lui sera enlevé, et ce ne sera que justice !

Cela exigera un tout autre rapport de force que celui d'aujourd'hui. Mais on peut et on doit commencer par dire « non » à la politique antiouvrière du gouvernement et du patronat.

Les travailleurs qui ont manifesté mardi 5 mars à l'appel de la CGT et de FO contre le projet de loi sur la flexibilité ont ainsi pu exprimer leur opposition. Mais ils devront être de plus en plus nombreux à dire qu'ils refusent tous ces reculs et sont décidés à les combattre !

Éditorial des bulletins d'entreprise du lundi 4 mars

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