Nouvel hôpital de Calais : Colère face à la politique d'austérité06/03/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/03/une2327.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Nouvel hôpital de Calais : Colère face à la politique d'austérité

Le nouvel hôpital de Calais qui a ouvert il y a quelques mois a coûté 167 millions, dont 100 millions de dotation par l'État, les 67 millions restants devant être fournis par les ressources propres de l'hôpital. La multinationale du béton Eiffage a touché l'essentiel de ce pactole. Afin d'honorer les factures des petites entreprises qui, ayant réalisé des travaux sur le site, n'avaient toujours pas été payées, la direction a dû boucler le financement en trouvant un prêteur à court terme pour les 22 millions d'euros manquants.

L'hôpital de Calais est considérablement endetté, comme tant d'autres hôpitaux dans tout le pays (dix dans la région Nord) et beaucoup de municipalités. Tous ont été grugés par la banque franco-belge Dexia qui leur a placé des emprunts « toxiques », avec des taux d'intérêt variables qui, faibles au départ, sont devenus astronomiques. Et ils sont aujourd'hui étranglés par le paiement des intérêts de cette dette qui représente dans leur budget un surcoût exorbitant.

Le directeur du centre hospitalier de Calais applique avec zèle la politique d'austérité du gouvernement actuel comme du précédent. Soucieux de rentabilité, il a refusé d'embaucher pour faire face au surplus de travail induit par l'augmentation de l'activité, qui est de 15 % et de 30 % aux Urgences. Pour lui, cette hausse est seulement une aubaine, car elle génère des ressources supplémentaires... qui l'aident à combler le trou dans les finances de l'hôpital.

Les quelques agents supplémentaires qui travaillent dans le nettoyage n'ont pas été embauchés comme personnel hospitalier, mais comme sous-traitants de TFN, avec des conditions de salaire et de travail inférieures. La direction prend aussi des emplois temporaires, jetables au bout de 55 jours... afin qu'elle n'ait pas à verser de contribution au chômage, et remplacés par d'autres qui doivent de nouveau apprendre le travail sur le tas.

Le personnel de l'hôpital, malgré sa satisfaction d'avoir intégré des locaux neufs et modernes, connaît donc une dégradation de sa situation. Le maître mot de la direction, « mutualiser les moyens », c'est-à-dire affecter un agent n'importe où pour boucher un trou, rend plus difficiles les soins et la relation avec les malades. L'intensification du travail non seulement épuise, mais contribue à la déshumanisation. Si l'hôpital parvient à fonctionner, c'est au prix du surmenage du personnel.

La colère, qui s'était traduite par une première journée de grève en décembre pour exiger de l'embauche, est montée d'un cran. Une campagne de pétitions organisée par l'intersyndicale s'est adressée aux visiteurs et aux patients, pour sensibiliser la population sur le manque dramatique d'effectifs et, le 4 février, plus de 40 % du personnel a fait grève. Dans la semaine, débrayages et assemblées générales ont continué. Les slogans fleurissaient sur le site : « Ici on ne soigne plus, on travaille à la chaîne » ; « Un hôpital tout neuf ; des agents tout usés ». Mardi 11 février, une manifestation a eu lieu à Lille devant le siège de l'Agence régionale de santé. Son directeur n'a rien cédé, affirmant qu'il n'y a pas d'argent. Mais il faudra bien remettre en cause cette logique comptable, qui considère la santé de la population d'abord comme une source de profits.

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