PSA – Aulnay-sous-Bois : « la paye qu'on s'est faite nous-mêmes »06/03/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/03/une2327.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

PSA – Aulnay-sous-Bois : « la paye qu'on s'est faite nous-mêmes »

La septième semaine de grève à PSA Aulnay a été marquée par la distribution aux grévistes de 260 000 euros de la caisse de grève et le jeudi 28 février a été surnommé « la journée de la paye qu'on s'est faite nous-mêmes ».

Pendant les jours qui ont précédé, les discussions - ouvertes, démocratiques - sont allées bon train sur la façon dont il fallait procéder : fallait-il indemniser ceux qui avaient cessé la grève au bout d'une semaine ? Comment déterminer le nombre de jours de grève de chacun ? Finalement, les modalités ont été votées par le comité de grève et l'assemblée des grévistes, et il a notamment été décidé qu'il fallait indemniser aussi ceux qui ont fait grève moins longtemps pour ne pas créer une coupure entre les uns et les autres. Selon la durée de la grève, déterminée par un croisement entre le pointage des grévistes et les fiches de paye, quatre sommes ont donc été distribuées, allant de 80 à 800 euros.

Dès le premier jour de « paye », plus de 300 chèques ont été faits, et la fierté était palpable chez les travailleurs qui compensaient ainsi une partie du manque à gagner de la grève, sous l'oeil particulièrement furieux des cadres dits « pots de fleurs » car ils ne bougent pas de là... et de nombreux journalistes, impressionnés par l'organisation de ce dispositif. La fierté venait aussi de la somme distribuée, du résultat palpable des collectes faites chaque jour, des dons venant de milliers de particuliers, prouvant à la face de la direction que, oui, la grève est populaire.

Ce soutien populaire et militant rend la grève encore plus légitime aux yeux des grévistes eux-mêmes. Et d'ailleurs le matin même, une centaine de grévistes étaient allés à la gare Saint-Lazare faire une nouvelle manifestation et demander le soutien financier des travailleurs de passage.

Parmi ceux qui n'ont fait qu'une semaine de grève, beaucoup ont préféré laisser leurs 80 euros à la caisse de grève, prouvant là encore que, même parmi les non-grévistes, la solidarité est bien là.

Cette journée de paye a largement renforcé le moral et beaucoup disaient que maintenant, il faut remplir la caisse... pour payer le mois de mars !

La semaine a également été marquée par la visite à l'usine, le 1er mars, de Thierry Lepaon, le futur secrétaire général de la CGT, venu apporter le soutien de la confédération. À cette occasion, les grévistes ont organisé une grande assemblée générale et un pot fraternel où tous les non-grévistes étaient invités. La présence de ceux-ci était bien visible, puisqu'ils sont venus en tenue de travail. Et l'ambiance chaleureuse tout comme l'assistance nombreuse ont attesté encore une fois ce que valent les mensonges du patron sur les « tensions » entre grévistes et non-grévistes.

Lundi 4 mars, la grève a repris, entrant dans sa huitième semaine. En plus des revendications qui sont celles des travailleurs depuis le début - préretraite à 55 ans pour les anciens et CDI pour tous les autres - le combat continue pour faire annuler les menaces de licenciements portées contre des grévistes, et même les licenciements effectifs qui ont déjà frappé deux camarades. Une première étape a été franchie avec le refus du licenciement d'un premier militant par l'inspectrice du travail - son enquête ayant établi de manière évidente le caractère parfaitement fantaisiste, contradictoire, mensonger et ridicule des accusations portées contre lui.

Mardi 5 mars, nombreux ont été les travailleurs d'Aulnay à participer à la manifestation à Paris contre le projet de loi qui vise à généraliser « l'accord de la honte » du 11 janvier.

Le cortège PSA était en tête et montrait une belle organisation et un dynamisme contagieux tout autour ; les slogans étaient repris, les encouragements nombreux. Les grévistes ont crié leurs slogans : « Interdiction des licenciements », « on est des ouvriers pas des casseurs, les casseurs, c'est les patrons » et bien sûr « la force des travailleurs, c'est la grève ». Le comité de grève et l'assemblée de grévistes avaient aussi prévu de demander un soutien financier aux manifestants... qui ont répondu généreusement, puisque 11 350 euros ont été récoltés.

La grève à Aulnay est une épine dans le pied du patronat car elle montre qu'on peut se battre contre ses choix et garder le moral même si le combat est difficile. Les grévistes non seulement ne regrettent rien, mais sont fiers de ce qu'ils font. Et ils continuent !

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