Des médecins bien payés en grève... : Le gouvernement est à leur écoute14/11/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/11/une2311.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Des médecins bien payés en grève... : Le gouvernement est à leur écoute

Depuis le 12 novembre, des chirurgiens, anesthésistes et autres spécialistes exerçant dans des établissements privés se sont mis en grève, avant de manifester le 14 novembre. Le 12 novembre, les internes des hôpitaux, eux aussi en grève, ont manifesté devant le ministère de la Santé, où ils ont été reçus par la ministre de la Santé Marisol Touraine.

Les chirurgiens et autres spécialistes refusent l'accord du 29 octobre conclu entre le gouvernement et des syndicats de médecins sur les dépassements d'honoraires. Ils réclament aussi une hausse des tarifs des actes remboursés par la Sécurité sociale qui n'ont pas été réévalués régulièrement. À les entendre, ils seraient de moins en moins payés, moins en tout cas que leurs confrères européens, et l'accord du 29 octobre, en limitant les dépassements d'honoraires, réduirait encore leur pouvoir d'achat.

Mais la réalité est tout autre, car ces médecins restent largement des nantis. Pour 2011, l'UNASA (Union nationale des associations agréées) parle de 15 914 euros de revenu mensuel, toutes charges payées, pour un anesthésiste-réanimateur et de 11 452 euros pour un chirurgien. Quant aux dépassements d'honoraires -- 2,5 milliards d'euros par an à la charge des patients -- l'accord du 29 octobre rend impossibles les tarifs parfois exorbitants demandés par certains médecins, mais ils restent autorisés à faire payer jusqu'à deux fois et demi le tarif remboursé par la Sécurité sociale. Une consultation pourra ainsi être facturée 70 euros au lieu de 28. De plus, de nouveaux médecins, en l'occurrence les anciens chefs de clinique hospitaliers, sont autorisés à pratiquer des dépassements. Finalement, l'accord du 29 octobre a surtout montré la frilosité du gouvernement de gauche, toujours enclin à rechercher un « bon accord »... pour les médecins...

Dans le même temps les internes, dont la plupart deviendront des spécialistes en ville ou à l'hôpital, tout en refusant aussi l'accord du 29 octobre, avancent des revendications spécifiques. Ils protestent contre le non-respect de leurs temps de repos, après les 60 heures qu'ils disent effectuer par semaine. Mais ils oublient de dire que c'est le lot quotidien de toutes les catégories de personnel de santé à l'hôpital, et pas des seuls médecins, que de devoir parfois renoncer à leurs repos, faute de pouvoir faire fonctionner les services. En janvier 2012, un accord a été signé pour que les 40 000 médecins hospitaliers puissent prendre une partie des deux millions de RTT accumulées, les transformer en points pour leur retraite ou se les faire payer. Mais les autres catégories de personnel, elles, attendent toujours le début des négociations sur leurs journées de repos...

Les internes disent aussi craindre pour leur liberté d'installation, devant les propositions de la ministre pour inciter les médecins à s'installer dans les déserts médicaux ou pour donner aux mutuelles le droit éventuel d'influer sur le choix du médecin. Mais, dans ce domaine, on n'en est qu'au stade des discours et la ministre ne cesse de dire que « le gouvernement n'a jamais eu le projet de limiter la liberté d'installation ».

En se mobilisant, sans hésiter à recourir à la grève et aux manifestations, ces médecins affirment haut et fort qu'ils ne feront aucune concession et qu'ils sont bien décidés à en obtenir du gouvernement. Ils n'ont par contre pas un mot pour protester contre la dégradation du service de santé qui contraint de plus en plus de malades à renoncer à des soins. Ils ne sont pas gênés que la médecine soit réservée d'abord à ceux qui ont les moyens de payer et sont bien décidés à continuer à s'enrichir. Et c'est à tous ceux-là que Marisol Touraine répond que sa porte reste ouverte...

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