À l'usine de Compiègne de la cartonnerie Allard, qui compte près de 120 salariés sur les 500 de cette PME, la majeure partie des ouvriers en fabrication ont débrayé durant une heure le matin du vendredi 9 novembre. La direction a en effet annoncé fin octobre que, le patron Allard prenant sa retraite, il serait question « d'ouvrir le capital partiellement ou totalement », comme le dit le directeur. Autrement dit il serait question de vendre. Mais, comme l'ont dit des travailleurs, peu importe le nom du futur patron, il n'est pas question pour eux d'accepter qu'on touche même à un seul emploi ou à un seul centime d'euro de leur revenu.

Allard fournit toutes sortes de cartons d'emballage pour les entreprises environnantes, comme Colgate, usine qui se trouve juste à côté. Les salariés travaillent en équipe, en 2x8, et doivent embaucher à 5 heures le matin. Le travail est dur physiquement, beaucoup de postes demandent de manipuler de gros paquets de cartons. Des travailleurs, même jeunes, se retrouvent ainsi avec de graves tendinites. Le salaire oscille entre le smic et 1 400 euros au bout de vingt ans d'usine, pour les ouvriers en production. Et les salaires sont quasiment bloqués depuis des années. Autant dire que la famille Allard, qui détient 100 % du capital, s'est enrichie sur le dos des travailleurs, année après année, depuis... la fin des années 1920. Car Allard est peut-être une PME, mais elle a affiché des bénéfices durant toutes ces années.

Alors, quelles que soient les décisions du patron Allard, les travailleurs ne doivent pas en subir les conséquences.